15/11/2013 – 11H00 Carhaix (Breizh-info.com) – Surprise et stupéfaction ce matin en Bretagne. Hier soir, le collectif « Vivre, décider et travailler au pays » a décidé d’organiser le rassemblement prévu le 30 novembre à Carhaix, sur le site de Kerampuilh. Là où se déroulent chaque année le festival des Vieilles Charrues. La grande manifestation annoncée devrait donc se transformer en simple rassemblement :un festival des Bonnets rouges après celui des Vieilles charrues ?
Selon certaines sources, le choix de Carhaix s’expliquerait bien sûr par le fait que Christian Troadec est maire de la ville, mais aussi par une volonté de repli et un manque de confiance dans l’avenir du mouvement de la part de certains leaders, à commencer par le plus médiatique d’entre eux. Alors que la révolte fiscale et sociale prend de l’ampleur et se propage dans tout l’Hexagone, ce repli sur Carhaix, dans le Kreiz Breizh, risque fort de passer pour une reculade vis-à-vis du gouvernement.
A l’évidence, une manifestation dans des villes comme Pontivy ou Rennes auraient eu une portée régionale beaucoup plus forte. Ces cités chargées d’histoire, emblématiques de l’identité bretonne, auraient certainement mobilisé beaucoup plus facilement les foules que la capitale du Poher, si importante que soit cette dernière.
Le choix de Carhaix semble confirmer l’impression ressentie par beaucoup, notamment après l’interview donnée par Christian Troadec à Libération, d’une volonté de repli du mouvement, d’une envie de ne pas déranger. Comme si le maire de Carhaix avait perdu le contrôle du mouvement, comme s’il tentait de le récupérer une dernière fois sur ses terres afin de mieux l’étouffer, comme si l’ambition et les possibilités de mener la colère du peuple Breton étaient redevenues moins importantes que celles de rester le « Baron du Poher ».
A l’image de Frigide Barjot dépassée par les évènements et annonçant son retrait de La Manif pour Tous au printemps dernier, Christian Troadec, semble dépassé par l’ampleur prise par la contestation, et par la diversité de celle-ci. Le mouvement des Bonnets rouges n’est pas en effet une simple révolte traditionnelle de « gauche » comme la Bretagne en a connu par le passé – il s’agit cette fois d’une révolte à la fois sociale, fiscale, sociétale et identitaire, qui mobilise tout un peuple, au-delà des appartenances sociales, politiques, syndicales ou religieuses.
Pris au piège d’une fronde que ni syndicats, ni associations, ni mouvements sociaux, ni politiques ne peuvent contrôler, les leaders bretons qui ont émergé ces dernières semaines semblent donc désormais vouloir rentrer dans le rang et calmer le jeu. Y arriveront-ils ? Les manifestants de base qui se sont mobilisés depuis des semaines rentreront-ils chez eux comme si de rien n’était ? La manifestation de Carhaix transformera-t-elle ce mouvement de révolte en kermesse d’adieu ? Réponse le 30 novembre prochain, sur les champs de Kerampuilh.
Crédit photo : William Quiviger (cc)
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