08/11/2013 – 12H00 Strasbourg (Breizh-info.com) – Organisé par l’ICA 2010 (initiative citoyenne alsacienne pour plus de démocratie) avec le soutien de la Région Alsace, de l’OLCA et du groupe Les Verts/ALE du parlement européen, le colloque de Strasbourg « langues de France et ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires » s’est tenu les 31/5 et 1/6 à la maison de la Région à Strasbourg.
Il avait pour objectif dans un premier temps de s’inscrire dans la procédure d’une possible ratification de la charte, mais il a pris par la suite une tournure plus revendicative, lorsqu’il est devenu évident que le gouvernement ne mettra pas en route cette procédure, passant outre une promesse du candidat Hollande.
Les communications ont porté dans un premier temps sur :
– un état des lieux quant à la vie ou à la survie des langues dites régionales ou minoritaires,
– la politique ou plutôt sur l’absence de véritable politique à leur égard,
– les raisons d’être et contenus de la charte,
– la philosophie politique que la France s’applique, l’empêchant ce faisant de ratifier la charte. Rappelons que la France l’a signée en 1999. Mais aussitôt fait, le Conseil constitutionnel, suivi en cela par le Conseil d’État, proclamait l’impossibilité pour la France de la ratifier en mettant en avant le concept qui veut que la France, ce soit la langue française, langue certes commune, mais surtout langue unique. Ils se faisaient les hérauts d’une « pensée unique », qui privilégie l’union dans l’uniformité d’une francité singulière, figée et repliée excluant la différence, à l’union dans la diversité d’une francitude ouverte, plurielle et évolutive incluant l’altérité, en fait le jacobinisme, une forme de « national-communautarisme », au post-nationalisme, la nation objective, c’est-à-dire l’ethnie, à la nation subjective, celle justement inventée par la France en 1789 reposant sur le sentiment d’appartenance et la volonté d’agir ensemble, le pacte civil et social.
– une communication a traité des possibilités, mais aussi des limites, qu’offre le droit international en matière de langues régionales ou minoritaires.
Le colloque a aussi exploré l’aspect juridique, à la fois, d’une souhaitable ratification et des dispositions qui pourraient être prises en l’absence de ratification ou en accompagnement, à savoir une loi et/ou des chartes régionales, départementales et communales en faveur des langues régionales ou minoritaires.
Il a ouvert des pistes de réflexion pour un dialogue interculturel et pour la nécessaire information du grand public sur les langues de France.
Dans un deuxième temps, le colloque a donné la parole aux locuteurs de ces langues par l’intermédiaire des fédérations d’associations militantes, ce qui a permis à la fois de confronter les expériences et de faire apparaître la nécessité de l’union dans l’action.
Et enfin dans un troisième temps, parole a été donnée aux élus d’Alsace qui ont bien voulu la prendre.
S’agissant de l’Alsace, les actes présentent aussi une claire définition de la langue régionale et une brève histoire linguistique de la région (celle-ci dans la langue régionale).
On le voit, ce colloque a été très dense. Il a passé en revue tous les aspects qui concernent les langues de France. Il a aussi été tenu en interactivité ou en accompagnement d’autres événements liés à la question, notamment :
– un courrier daté du 2/4/2013 reçu de l’Élysée nous informant de la future application des 39 points retenus dans un catalogue de 98 lors de la signature de la charte,
– la constitution le 15/3/2013 par Mme Filippetti d’un comité consultatif sur les langues régionales,
– une manifestation le 15/5/2013 des associations militantes devant l’UNESCO à Paris pour demander l’asile culturel pour les langues de France,
– le vote le 18/5/2013 à une très forte majorité de l’assemblée de corse pour un statut de co-officialité de la langue corse avec la langue française,
– le vote aussi le 11/9/2013 très majoritaire du Parlement européen pour la protection des langues menacées,
– la loi Peillon,
– les assises alsaciennes de la langue et de la culture régionales
– et l’appel en faveur d’une charte linguistique pour l’Alsace.
Les actes qui viennent d’en être publiés constituent un précieux document à disposition des décideurs et en général de quiconque veut approfondir le sujet.
On peut se procurer le livre sur Amazon ou au Centre culturel alsacien
5 Bd de la Victoire où il est en dépôt.
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Réf. : Les langues de France, actes du colloque de Strasbourg, dir. Pierre Klein, Editions Lulu.com, 2013
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