03/11/2013 – 14h00 Breizh – (Breizh-info.com) –Noël 1943, près de Lorient. Au moyen d’une fausse permission, l’allemande Herta (Erika Remberg) rejoint son mari, le colonel von Stauffen (Horst Frank), qu’elle n’a pas vu depuis le début de la guerre. Mais le général (Gert Fröbe) oblige celui-ci à assister au réveillon avec ses soldats. Le même soir, le résistant Charles (Laurent Terzieff) est parachuté non loin de là, dans le Bois des Amants. Il doit diriger par radio un bombardement anglais sur la base sous-marine. Repéré par les Allemands, il se cache dans l’église pendant la messe de Minuit. Puis il se rend dans le moulin appartenant à sa mère (Françoise Rosay). Il rencontre Herta qui y réside et se sent délaissée par son époux. Entre ces deux jeunes gens naît une relation amoureuse. Cela provoque la colère de sa mère et du contact résistant local, qui tente d’éliminer Herta. Charles l’en empêche. Lors du bombardement anglais, leur maison est anéantie…
Réalisé dans le Finistère, en 1960, en noir et blanc, Le bois des amants décrit l’évolution des sentiments amoureux entre un résistant français et l’épouse d’un officier allemand alors que le conflit devrait les séparer. On reconnaît la gare de Douarnenez, mais surtout la ville de Quimperlé (la gendarmerie pour la kommandantur, la forêt de Toulfoën, Pont Fleuri, place Lovignon, église Saint-Michel, abbaye Sainte-Croix, Port-Manech, la côte du Pouldu…).
Ce film offre une vision anticonformiste de la France occupée : les soldats allemands ne sont pas antipathiques, un résistant est prêt à tuer une femme désarmée, la « frappe chirurgicale » anglaise finit par raser les habitations… Rien d’étonnant lorsqu’on sait que ce film a été réalisé par Claude Autant-Lara, qui affirmait que « si un film n’a pas de venin, il ne vaut rien ».
Ce talentueux réalisateur a tout au long de sa carrière pris des positions dérangeantes. Après la guerre, il réalise Le Diable au corps (1947), L’Auberge rouge (1951), Le Rouge et le Noir (1954) et La Traversée de Paris (1956). Esprit vraiment libre, considéré comme de gauche, il a dénoncé aussi bien le cléricalisme que le militarisme ou encore l’impérialisme culturel américain. Il surprend encore lorsque, en 1989, il commence une carrière politique en devenant député européen sur la liste du Front national. Doyen d’âge, il préside la session inaugurale et prononce un discours où il exprime ses « inquiétudes face à la menace culturelle américaine ». La quasi-totalité des députés sort de l’hémicycle…