31/10/2013 -21H15 Ancenis (Breizh-info.com) – La stratégie de rediabolisation du Front National fait feu de tout bois… mais n’a que du petit bois à sa disposition. Du petit bois mouillé, qui plus est.
Jeudi matin à 8h20, Marine Le Pen est interrogée par Europe 1 sur la libération des otages d’Arlit. « J’ai ressenti un malaise à la vue des images des quatre hommes présentées à la télévision, dit-elle. Ils étaient « très réservés… Deux portaient la barbe taillée de manière étonnante… L’habillement était étrange… Et cet otage avec le chèche sur le visage, tout ça mérite peut-être quelques explications de leur part ».
C’est tout. Ce n’est vraiment pas grand chose, mais faute de mieux, la gauche, qui attendait sûrement l’occasion, tente de faire monter la mayonnaise. La ministre Najat Vallaud-Belkacem dénonce sur Twitter une « invraisemblable indécence ». Abel Mestre, familier des liaisons dangereuses entre journalisme et agit-prop au Monde, parle de « dérapage spectaculaire ». « On a le sentiment que Mme Le Pen est tellement aveuglée par la haine des musulmans qu’elle n’arrive pas à partager la joie de toute la nation », s’indigne Eduardo Rihan Cypel, porte-parole du Parti socialiste, sur i-Télé.
Mme Le Pen a certes commis l’imprudence de ne pas commencer par une précaution rhétorique convenue sur sa joie, son soulagement, sa félicité, etc. Mais elle a expressément indiqué à Europe 1 que son « malaise » ne contenait aucun sous-entendu quant à une possible islamisation des otages. « Je ne suis pas psychiatre », a-t-elle souligné. M. Rihan Cypel, qui n’a peut-être pas écouté l’interview jusqu’au bout, ne l’est pas davantage ; cela ne le retient pourtant pas de diagnostiquer les tréfonds du psychisme lepéniste.
En fin de matinée, Marine Le Pen s’efforce de désamorcer la polémique. « Manifestement, je me suis exprimée de manière maladroite », concède-t-elle, puisqu’il ne s’agissait en aucun cas dans mon esprit, d’émettre la moindre critique à l’égard des otages. » Or au même moment, Pascale Robert, mère de Pierre Legrand, de Couffé (Loire-Atlantique), invitée à réagir à la déclaration de la présidente du F.N. déclare ceci : « Ils nous ont dit clairement que garder barbe et chèche, c’était en solidarité avec les autres otages restés là-bas. » Comment mieux reconnaître que les otages eux-mêmes étaient conscients du caractère volontairement « étrange » de leur habillement ? Et qu’en effet, comme le demandait Marine Le Pen : « tout ça mérit(ait) peut-être quelques explications de leur part ».
Crédit photo : Garrondo, licence CC via Wikimedia
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