Emma Locatelli, diplômée de la Sorbonne, enseigne l’histoire dans la région parisienne depuis 10 ans. Son autre passion est l’écriture avec une inspiration nourrie justement de cette matière, mais une construction à l’image d’un « thriller ». Son premier roman en 2006 « Le scandaleux Héliogabale » avait pour cadre l’empire romain. « Maleficus » en 2009 se situait dans les Ardennes du 17° siècle. Son dernier ouvrage » Les haines pures » commence en juillet 1945 dans une commune provençale.
Gabrielle, l’héroïne, revient à la ferme de ses parents après l’avoir quittée avant le début de la Deuxième Guerre mondiale. En une phrase, « Nous sommes nées d’un père absent et d’une mère acariâtre. D’un coup de vent sur un roncier malade. Il en est tombé deux fragiles épines : Louise et moi », elle nous place dans l’ambiance familiale. Si chez elle, rien ne semble avoir changé, elle s’interroge sur le massacre de la famille voisine le 27 août 1944. De fil en aiguille, elle va retrouver ce qui s’est réellement passé. Son enquête palpitante, riche en rebondissements, n’est pas sans rappeler celle de « l’été meurtrier » de Sébastien Japrisot. L’ambiance est seulement encore plus noire. Comme le dit Gabrielle, « nos vies sont des cloaques. Et nos rêves ne sont, en somme, que le trop-plein d’une immonde marinade. »
Cette quête permet à Emma Locatelli de décrire l’ambiance de haines anciennes qui règne dans cette petite ville, exacerbées par la guerre, ses mensonges et ses règlements de compte. Elle plonge au plus profond de la noirceur du cœur des hommes et des travestissements de l’histoire officielle.
Si vous ne connaissez pas cette jeune auteure, saisissez l’opportunité avec « Les haines pures » de découvrir son talent – qui est très grand- tant de narratrice que de styliste.
Thierry Monvoisin
Les haines pures, d’Emma Locatelli, Albin Michel (20.90 €)
Crédit photos : DR
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