Les Gaulois ont marqué à jamais la toponymie de nos villes et de nos campagnes. C’est ce que viennent rappeler opportunément Fabien Régnier et Jean-Pierre Drouin, deux historiens spécialistes du monde celtique, dans leur ouvrage intitulé « Les peuples fondateurs à l’origine de la Gaule », publié aux excellentes éditions Yoran Embanner.
Dans cet ouvrage, qui fait la synthèse des connaissances actuelles en la matière, Régnier et Drouin, commencent par préciser les éléments caractéristiques de ces peuples qui ont fondé la civilisation gauloise. Ils rappellent leur arrivée dans le territoire qui deviendra par la suite la Gaule, à l’époque dite des « Champs d’urnes » (Bronze final), d’une population de cavaliers, guerrière et qui pratiquait l’incinération de ces morts. L’abondance des découvertes archéologiques – armes et harnachements de chevaux en bronze, champs d’urnes funéraires etc. – tranche en effet avec la période précédente. Des nouveaux arrivants qu’on a pu qualifier comme appartement au groupe « proto-celtique » (V. Kruta).
Les auteurs décrivent également ce que fut la société gauloise, inscrite dans la tradition indo-européenne, avec les trois fonctions représentées par les prêtres, les guerriers et les producteurs, organisation tripartite telle qu’on la retrouvera encore au Moyen Âge.
Le grand intérêt de cet l’ouvrage réside toutefois dans l’analyse détaillée des différents peuples fondateurs de la Gaule à laquelle se livrent Régner et Drouin. Si les auteurs anciens parlent de 300 à 400 peuples, eux n’en répertorient plus que 200 à 300. Au 4e siècle, rappellent-ils, les capitales de diocèses ont souvent repris les noms des anciennes tribus, Parisii (Paris), Namnètes (Nantes), Viroduni (Verdun), Pictons (Poitiers), Rèmes (Reims) etc.
Allant au-delà de la simple description, cette étude exhaustive analyse aussi les relations entre ces différents peuples et récuse au passage certaines théories quelque peu hasardeuses. Ainsi il ne semblerait pas que les Vénètes d’Armorique soient apparentés aux Vénètes d’Italie du Nord, population d’origine illyrienne selon les historiens italiens, du moins pas dans un passé proprement celtique. Contrairement à ce qui a pu être évoqué parfois, Vannes et Venise ne seraient donc pas « jumelées » par des ancêtres communs.
La carte des différents peuples qui ont fondé la Gaule montre une plus grande abondance de ceux-ci dans le sud, qu’il soit aquitain ou provençal. Il est d’ailleurs possible que le nord de la Gaule – la Celtique proprement dite, moins connue des Romains avant la conquête de Jules César – en possédait davantage.
Quant à la liste des rois et chefs gaulois célèbres, on regrettera que ne soient pas mentionnés certains rois connus seulement par la numismatique. On pense à Togirix, abondamment représenté sur des monnaies, qui fut roi des Séquanes, ce peuple à l’origine de la guerre des Gaules et qui ont donna son nom à la Seine.
Contrairement à certains auteurs qui entendent, par pure conviction idéologique, « revisiter » notre passé dans le but inavouable de supprimer toute lien avec un passé présumé « imaginaire », le livre de Fabien Régnier et Jean-Pierre Drouin vient rappeler opportunément l’existence de ces peuples qui ont marqué de leur empreinte ce qui deviendra par la suite la France.
« Les peuples fondateurs à l’origine de la Gaule » Fabien Régner et Jean-Pierre Drouin, 904 pages, Edition Yoran Embanner 2012. Prix 39 euros
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