16/10/2013 – 12H05 Silfiac (Breizh-info.com) – « Ras-le-bol ! » Au lendemain de la rave party qui s’est tenue à Silfiac le week-end dernier – la 5ème depuis 2011 – les habitants de cette petite commune paisible du Morbihan ne cachent plus leur exaspération. Interrogé par Breizh-info, le maire, M. Moëlo, a bien voulu répondre à nos questions.
En octobre 2011, 8300 raveurs avaient débarqué dans cette commune de moins de 500 habitants. Depuis, les rassemblements sont fréquents sur un terrain situé au lieu dit « Le Moustoir », mis à disposition par un habitant de la commune, « un marginal en conflit avec ses voisins depuis des années », selon certains.
Ces raves-parties attirent entre 300 et 1000 personnes. Les organisateurs de ces événements, l’association Ethereal Decibel Company, basée à Rennes, annoncent que ces rassemblements sauvages ne dépassent pas 500 personnes et ne sont donc pas soumis à autorisation. Un chiffre contesté par le maire du village, Serge Moëlo, qui affirme qu’ils sont justement revus à la baisse pour permettre la tenue de cet événement, encadré par les forces de l’ordre, mobilisées tout un week-end pour « la sécurité » (?!) des participants à ces rassemblements. « Le discours de l’association est parfaitement rodé : ils savent ce qu’il faut déclarer aux autorités, et de toute façon, ils bénéficient de leur complicité » explique-t-il.
En attendant, les riverains refusent de s’habituer au va et vient de centaines d’individus, dont de nombreux marginaux, le temps de week-end rythmé par la forte consommation et vente – « en toute impunité » selon le maire – de drogue et d’alcool. « À chaque rassemblement, le lieu dit ‘Le Moustoir’ devient une zone de non-droit, où le trafic et la consommation de drogues, d’alcool et le tapage nocturne extrême sont la règle, s’insurge M.Moëlo.
Les gens qui travaillent ne peuvent pas dormir à cause du bruit. Nous avons dans la commune un jeune handicapé, atteint de myopathie et vivant à proximité du ‘Moustoir’, qui souffre de graves problèmes de santé pendant et après chaque rassemblement ».
Le seuil de danger par rapport aux troubles auditifs est fixé à 85 dB – il suffit d’une heure à cette intensité pour subir un traumatisme sonore – alors que les murs de son émettent parfois jusqu’à 140 dB pendant 48 h. D’où des conséquences prévisibles pour la santé, notamment pour tous ceux qui résident à proximité, victimes involontaires de ces raves party.
Une situation à la fois grave et ubuesque, à laquelle les pouvoirs publics ne semblent pas vouloir apporter de solution : « cette zone de non-droit est protégée par la Gendarmerie nationale et les pouvoirs publics ne mettent rien en oeuvre pour protéger notre commune des nuisances. Si cela se passait dans une grande ville, ils réagiraient, mais comme c’est à la campagne, ils nous abandonnent. » affirme le maire.
Cet abandon par les pouvoirs publics semble confirmé, au vu des nombreux témoignages relevés dans la commune faisant état de dépôt de plaintes refusées, ou déconseillées depuis 2011 car « risquant de finir sans suite« . Il aura fallu un ‘coup de gueule’ du maire de la commune pour que la Gendarmerie accepte enfin, suite aux événements du week-end dernier, de prendre des dépositions. Contactés, les services de Gendarmerie de Pontivy n’ont pas souhaité s’exprimer.
Si le calme est revenu, les habitants de Silfiac et des environs sont loin d’être sereins : « on retrouve notre tranquillité… jusqu’à la prochaine fois », déclare une retraitée de la commune. Un agriculteur au caractère bien trempé prévient : ‘la Gendarmerie nationale multiplie les contrôles d’alcoolémie et la répression sur les routes toute l’année pour l’ensemble des citoyens, et ne fait rien quand il y a ces centaines de jeunes drogués qui envahissent notre commune. La prochaine fois, nous ferons justice nous même puisque c’est devenu une zone où tout le monde fait ce qu’il veut sans être inquiété. »
Le maire, lui, est désabusé : ‘j’ai toujours prôné la tolérance, l’ouverture, la diversité, y compris musicale, mais là, on se sent totalement abandonné, méprisé. Il ne faut pas venir se plaindre après que les gens tombent dans l’extrême si on les pousse à bout. »
Un aveu en forme de constat d’échec et d’impuissance pour cet élu qui siège également au conseil général du Morbihan sous l’étiquette du Parti Socialiste. Manifestement, à Silfiac, « La tolérance, l’ouverture et la diversité » si chère à ce parti se heurte au mur de la réalité vécue au quotidien. Une réalité devenue, aux yeux des habitants, insupportable.
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