Contre la réduction de la vitesse à 80 km/h sur les routes : la pétition qui cartonne

15/10/2013 – 09H00 Rennes (Breizh-info.com) – C’est peu dire que le rapport rendu le 30 septembre dernier par les « experts » du Conseil national de la sécurité routière, qui préconise  la réduction de la vitesse maximale autorisée de 90 km/h à 80 km/h sur les routes nationales, départementales et communales, fait du bruit. Une pétition, lancée par la Ligue des Conducteurs, et adressée à Manuel Valls, a déjà recueilli 540.000 signatures.
Le député (PS) du Bas-Rhin Armand Jung, patron du Conseil national de la sécurité routière (CNSR),  avait demandé en février 2013 à une équipe de 15 « chercheurs et professionnels du secteur » de faire des propositions visant à réduire la mortalité sur les routes.
Dans leur rapport, rendu le 30 septembre dernier, ces derniers estiment que la réduction de la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur «les routes bidirectionnelles» nationales, départementales et communales où elle est limitée à 90 km/h constituerait la mesure «la plus efficace pour réduire la mortalité». Elle permettrait, selon eux, « de sauver 450 vies chaque année si elle s’appliquait sur l’ensemble du réseau concerné, et au moins 200 vies si elle n’était mise en place que dans les zones les plus dangereuses ». Bien entendu, les auteurs du rapport préconisent, pour faire appliquer cette nouvelle limitation, de redéployer et d’intensifier les contrôles de vitesse.
Le fondement scientifique de cette mesure est mis en doute par le journaliste de Radio France Denis Astagneau. Pour ce spécialiste reconnu du monde de l’automobile, l’application du calcul selon lequel chaque augmentation de 1% de la vitesse égale 4% de tués en plus est en effet très contestée. Selon lui, « ce principe, observé parait-il sur les routes australiennes dans les années 60, correspond pourtant bien mal aux conditions du réseau français d’aujourd’hui. Bref, selon les experts, si on diminuait la vitesse de 10 km/h sur l’ensemble du réseau à une voie dans chaque sens, anciennes nationales comprises, on économiserait 450 vies. Mais il y a une alternative. Si on n’abaissait la vitesse que sur les petites routes, là où il y a le plus grand nombre d’accidents et les plus meurtriers ? On économiserait environ 200 vies, mais cela coûterait aussi moins cher, car on n’aurait pas des dizaines de milliers de panneaux à changer, pour plusieurs dizaines de millions d’Euros. » (France Info, 13/10/13).
Résolument opposée à cette mesure « stupide et paralysante », la Ligue des Conducteurs entend réunir très vite plus d’un million de signataires. « Les ayatollahs anti-vitesse nous ressortent leur vieille propagande sur la vitesse et la mortalité routière, lien pourtant bien peu scientifique comme nous l’avons déjà montré. Mais on peut voir une toute autre motivation à cette mesure. Cet été, il y a eu 700.000 infractions de moins qu’en juillet-août 2012.En clair : les radars flashent moins ; donc ils rapportent moins. En baissant la limitation de vitesse à 80 km/h sur route, le gouvernement obtiendrait un effet immédiat : un record de flash, d’amendes et de pertes de points ! »
En juin dernier, lors d’une séance plénière du CNSR, Manuel Valls avait déjà pris position : «Je reste convaincu que c’est en baissant davantage la vitesse sur les routes, et notamment les routes secondaires, que nous aurons une baisse de la mortalité», avait déclaré le ministre de l’Intérieur. La pétition le fera-t-elle changer d’avis ?
Photo : Cha già José/Flickr (cc)
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