12/10/2013 -09H00 Rennes (Breizh-info.com) – Il y a cinquante ans mourait Jean Cocteau. A 74 ans, ce touche-à-tout génial tirait sa révérence. Celui qui fût tour à tour romancier, poète, homme de théâtre, dessinateur, cinéaste, céramiste etc. laissait derrière lui un héritage qui allait marquer les générations à venir. Aujourd’hui Cocteau se voit encensé par tous les médias. Expositions, hommages, rétrospective à la cinémathèque, les célébrations vont bon train.
Ces médias gardent une grande discrétion sur son rôle durant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation allemande. Un rôle « ambigu » selon Wikipédia, qui ajoute «une partie de son passé entre 1940 et 1945 reste mystérieuse ». Pas tant que cela.
N’ayant pas caché, comme Giono, son pacifisme avant guerre, Cocteau écrira dès le début de l’Occupation dans l’hebdomadaire collaborationniste « La Gerbe » créé par le célèbre écrivain breton Alphonse de Châteaubriant. En décembre 1940 il y lance une « adresse aux jeunes écrivains », sorte de message pour les jeunes Français les appelant à prendre part au « Nouvel Ordre européen ».
Surtout, il recevra à Paris, durant l’été 1942, son ami Arno Breker, le sculpteur officiel du Troisième Reich, lors de sa grande exposition aux Tuileries.
Mais c’est son film de 1943 « L’éternel retour » – transposition moderne de la légende de Tristan et Yseult – qui inquiètera les critiques de l’après-guerre. Le quotidien britannique The Daily Express n’hésitera pas à écrire en 1945 que « Jean Marais avec ses cheveux blonds d’archange exterminateur, ses bottes de cuir y ressemble plus à un héros wagnérien ou à un SS qu’à un chevalier du Moyen Age. »
Moins connue est l’amitié entre Cocteau et l’auteur de La Brière. Il n’hésitera pas à lui rendre visite en 1950, alors que Châteaubriant, condamné à mort, vit exilé et caché en Autriche à Kitzbühel. Deux ans plus tard, après le décès de ce dernier, Cocteau y retournera pour rencontrer sa compagne Gabrièle Castelot.
Aujourd’hui, après la disparition d’Edouard Dermit, le dernier compagnon de Cocteau, c’est Pierre Bergé qui se trouve être l’ exécuteur testamentaire de Cocteau, détenteur du droit moral de l’artiste et le grand ordonnateur des différentes manifestations du cinquantenaire de sa mort. « J’autorise, j’interdis, je suscite » vient de déclarer le milliardaire rose au Point, rajoutant « Cocteau était avant tout un poète ». Préférant sans doute oublier que celui-ci avait écrit, en parlant des dirigeants français d’avant- guerre, « Chez Hitler, c’est le poète qui échappait à ces âmes de pions » (Philippe Burrin, La France à l’heure allemande 1940-1944, Paris, Le Seuil).
Claude Bily
Crédit photo : David_Reverchon / nrv75(cc) et archives
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4 réponses à “Cocteau sous l’Occupation : une réalité que Pierre Bergé préfère oublier”
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