11/10/2013 – 10H00 Rennes (Breizh-info.com) –La Bretagne est à la mode. Difficile de lire un journal, un magazine, un livre, d’écouter une radio, de regarder une télévision, sans qu’un bout de matière bretonne n’apparaisse ici où là. C’était le cas en lisant « ceci n’est pas une autobiographie », recueil de souvenirs de Daniel Filipacchi qui dirigea pendant quarante ans un grand groupe de presse magazine.
A tout seigneur, tout honneur, Frédéric Beigbeder le directeur de la rédaction du nouveau « Lui », l’interviewe dans le n°1 (octobre 2013) ; c’est l’occasion de réchauffer un point d’histoire remontant à l’Occupation, à savoir « son déniaisage dans un bordel situé au 9, rue Monsieur-le-Prince » ; il parait que « les Bretonnes du bordel » en question « le dorlotaient »…
Effectivement, à cette époque là – et beaucoup plus tard – la prostitution revêtait un caractère « ethnique » très affirmé. Les Bretonnes occupaient, pourrait-on dire, le haut du pavé. Très en pointe dans cette activité, elles étaient souvent recrutées dès leur arrivée à Montparnasse. Là, les proxos attendaient leurs futures employées…Débarquant de leur campagne reculée, pauvres, soumises, peu au courant des mœurs en vigueur dans la Ville-lumière, elles constituaient des proies faciles.
Dans l’interview du fondateur du premier « Lui » apparait un écrivain célèbre, Louis-Ferdinand Céline – breton pur jus, chose souvent ignorée. Avant de se mettre à son compte et d’inventer Jazz magazine, Ski magazine, Salut les copains, Son magazine, Photo, Pariscope, Lui, Union… – puis d’acheter Paris-Match – Filipacchi officiait dans l’hebdomadaire consacré « au poids des mots et au choc des photos » (propriété alors de Jean Prouvost) en tant que photographe. Un certain jour, le rédacteur en chef l’envoie photographier Céline. Lequel refuse toute photo. Mais écrit gentiment au journal pour lui dire : « Je certifie avoir reçu la visite de M. Filipacchi, n’ayant rien à lui dire, je l’ai chargé de toutes mes amitiés pour son hebdomadaire. »
Pour la petite histoire, on notera aussi que le propriétaire du nouveau « Lui » est un homme d’affaires breton, habitué des nuits parisiennes, Jean-Yves Le Fur.
Crédit Photo : Daniel Filipacchi en 1958, Laura Rose/Wikimedia (cc)
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