09/10/2013 – 11H00 Nantes (Breizh-info.com) – Stupeur et colère hier pour les 510 salariés d’Alcatel-Lucent à Orvault. La direction du groupe franco-américain a en effet annoncé hier sa décision de se débarrasser de ce site de l’agglomération nantaise dans les deux ans à venir. Une décision prise dans le cadre du plan stratégique de l’équipementier franco-américain qui prévoit, entre autres mesures, la suppression de 900 emplois en France. De nombreux élus de la région – socialistes ou Verts – ont tenu à affirmer leur opposition à la décision d’Alcatel, oubliant un peu vite le soutien qu’ils ont toujours apporté à un système libéral-mondialiste dont ils déplorent aujourd’hui les dégâts.
Que va devenir le site d’Orvault ? Aujourd’hui c’est l’incertitude qui règne. Selon les bruits qui courent dans l’entreprise, près de 150 salariés pourraient être mutés sur les sites de Villarceaux (Val-d’Oise) ou de Lannion (Côtes-d’Armor) pour travailler sur la 4G. Pour le reste, la direction évoque à la fois des « discussions » pour trouver des repreneurs et la perspective de créer un « campus digital ».
Dans un communiqué publié mardi, Jacques Auxiette, président du Conseil régional (PS), Philippe Grosvalet, président du Conseil général de Loire-Atlantique (PS), Gilles Retière président de Nantes Métropole (PS) et Patrick Rimbert, maire de Nantes (PS), déclarent qu’ils « refusent l’application du plan Shift qui se traduirait par la fermeture programmée en 2015 du site Alcatel Lucent Orvault. » Le communiqué poursuit : « Les élus exigent de la direction d’Alcatel-Lucent France de renoncer à ce plan et de préserver l’emploi en France et notamment sur le site d’Orvault. Ils rappellent les engagements pris par Alcatel-Lucent France sur le site et régulièrement réitérés ces dernières années.» Rappelant toutes les promesses faites par Alcatel, les élus socialistes concluent : « Ces engagements ont explicitement été pris par la direction d’Alcatel Lucent France. Ils doivent être tenus ! »
Si effectivement Alcatel s’est engagé à de multiples reprises auprès des élus de la région nantaise à préserver le site d’Orvault – la dernière fois en janvier 2013 – la donne a changé avec l’arrivée du nouveau patron du groupe, Michel Combes, en avril 2013. Ce dernier ayant été engagé pour assurer la pérennité du groupe – à tout prix -, il est peu probable qu’il se sente engagé par les promesses que ses prédécesseurs ont pu faire aux oligarques locaux. Que ces derniers aient voulu y croire témoigne, s’il en était encore besoin, de leur naïveté. Sans parler de leur impuissance
De son côté François de Rugy, député (EELV) de la circonscription où se trouve le site d’Orvault, écrit sur son blog : « Si le site devait fermer, les salariés d’Orvault paieraient le développement anarchique d’un secteur économique soumis aux seules lois de la mondialisation financière, et l’absence de stratégie industrielle européenne : ouverture incontrôlée des marchés, toute-puissance des opérateurs, absence de soutien aux équipementiers. »
Cette prise de position du député d’Orvault contre la « mondialisation financière » semble pour le moins paradoxale. L’hostilité des Verts à l’idée même de « frontière » fait en effet partie de leur code génétique. Leur soutien sans limite à l’immigration est là pour en témoigner. L’eurodéputé EELV José Bové dénonçait encore dimanche, après les événements de Lampedusa, « l’indécence et l’égoïsme d’Etats européens plus préoccupés à protéger leurs frontières qu’à aider des gens qui n’ont plus où aller », tandis que sa collègue Eva Joly s’en prenait à une « Europe forteresse ». Mais il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises frontières, il y en a ou il n’y en a pas. La mondialisation, qu’elle soit humaine ou financière, est un tout. Orvault et Lampedusa ne sont que les deux faces d’un même problème. N’en déplaise à Monsieur de Rugy.
Photo : FDR-François de Rugy/Wikimedia (cc)