07/10/2013 – 10H00 – Rennes (Breizh-info.com) – Europe Ecologie les Verts (EELV) continue à se faire élire avec les voix des autres. Plus celles des socialistes, mais celles des communistes et de l’extrême-gauche. C’est ainsi qu’à Rennes (35), Cholet (49), Clichy-la-Garenne (92), mais aussi La Flèche (72), Charenton, Chevilly-Larue, Montigny-les-Bretonneux (94) et Conflans Saint-Honorine (78), EELV a passé un accord pré-électoral avec le Parti de Gauche, dont une part assez importante de l’ancrage local est composé de militants communistes. D’autres villes pourraient suivre, y compris en Bretagne. A Rennes, les communistes sont hors de l’accord, qui s’est fait entre les Verts et des composantes plus jeunes, plus à gauche et plus contestataires du FG : le Parti de Gauche, la Gauche anticapitaliste, la Gauche unitaire et la Fase.
Un an et demi avec les Verts au pouvoir : bilan nul ou presque
L’enjeu est simple pour les Verts : continuer à peser dans les exécutifs et avaler moins de couleuvres de la part des socialistes. Comme le PS sait très bien qu’il a moins besoin des Verts que ceux-ci ont besoin des socialistes (et surtout de leurs voix), il ne les écoute pas ou quasi. C’est ainsi que deux ministres de l’Ecologie ont été débarqués (Bricq et Batho), l’aéroport de Notre-Dame des Landes est toujours au programme – même si d’autres obstacles nettement plus importants que les Verts se dressent devant lui – l’écotaxe a été reportée de six mois (officiellement pour cause de bugs) et la taxe sur le diesel enterrée.
Sans oublier les permis de recherche de gaz et pétrole de schiste accordés en toute discrétion , la déclaration d’utilité publique pour les travaux du TGV Lyon-Turin pourtant considérés comme peu utiles par la commission Duron chargée de statuer sur les grands projets, et évidemment, l’absence de toute décision prise sur l’avenir des centrales nucléaires françaises. Bref, s’il n’y avait pas de ministres verts au gouvernement, ce serait pareil ou presque. Ceux-ci, Cécile Duflot et Pascal Canfin, ont avalé toutes sortes de couleuvres et sont toujours dans une position si précaire que lorsque le secrétaire national des Verts a prétendu adresser un ultimatum à François Hollande, il s’est fait débarquer fissa.
L’écologie politique, une totale escroquerie ?
Les médias français, notamment la presse éditée sur papier, sont d’habitude très discrets sur l’écologie politique, même quand la vacuité de son bilan et ses interminables bisbilles internes crèvent les yeux. Le Rivarol du 3 octobre consacre une bonne moitié de sa page 5 au « couple [Xavier] Cantat / Duflot, toujours élu avec les voix des autres ».
Il y a de quoi s’interroger en effet sur le poids politique réel d’une Cécile Duflot qui ne faisait que …3.55% dans la 3e circonscription de la Marne en 2007 sous la seule investiture EELV. Aux municipales de sa commune,
l’ancienne grande cité cheminote Villeneuve Saint-Georges, elle est élue sur une liste d’union PCF-PS. Aux législatives de 2012, elle est parachutée dans le 6e arrondissement de Paris, fief de gauche, où elle fait 72.18% au second tour, et 49% au premier, mais avec un atout de taille : sa suppléante était le député titulaire, la socialiste Hofmann Rispal, qui avait l’assurance qu’en cas de victoire socialiste Cecile Duflot serait ministre et elle pourrait récupérer son siège. Conclusion de l’hebdomadaire : « sans les voix du PS, elle n’existe pas ».
Depuis l’arrivée de Cécile Duflot à la tête des Verts, la « magouille intégrale » prédomine. Les Verts se font élire sur des listes composites avec des voix socialistes, communistes et d’extrême-gauche. La stratégie leur permet d’atteindre les postes clés et d’espérer peser dans les exécutifs nationaux, régionaux et municipaux. Cependant, sur le plan national comme local, le résultat profite aux Verts mais pas – ou si peu – à l’écologie. Nombreuses sont les mairies où les Verts sont en passe de se faire virer en 2014 par ceux-là même qui étaient leurs alliés en 2008. Le cas de Mont-saint-Aignan , où s’est créée une petite ZAD écolo-citoyenne pour protéger la dernière ferme de l’agglomération rouennaise, « Notre-Dame des Bouillons » est à cet égard assez éclairant.
La stratégie des Verts a aussi été reprise en Bretagne par l’UDB, qui auparavant était la déclinaison du PS pour la Bretagne. Ainsi, plusieurs candidats UDB se sont présentés avec l’investiture d’EELV et un seul, disposant de l’investiture PS-EELV a été élu, Paul Molac. Il était d’ailleurs le seul rescapé du crash total de l’ensemble des partis bretons aux législatives. Force est de constater que les voix de l’UDB représentent une infime minorité de ses électeurs. Elu avec les voix du PS, quelle légitimité avait-il pour exiger la réunification ou l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, alors que le PS impose les Pays de Loire et l’aéroport à la Bretagne depuis les années 1970 ? Pour l’heure, le bilan de Molac est vierge, mis à part les attributions de la réserve parlementaire qu’il a pu apporter à son territoire. Est-ce que cela suffira à ses électeurs ? Rien n’est moins sûr.
Verts et Front de Gauche, plus de convergences qu’avec le PS ?
Une justification de l’alliance privilégiée entre Verts (EELV) et Front de Gauche (FG) pourrait être leurs convergences politiques. Cependant, tant sur les grands que les moindres dossiers, elles sont peu nombreuses. Sur le nucléaire, le FG est coupé en deux : le Parti de Gauche, plus jeune et plus contestataire, est pour la sortie du nucléaire tandis que le PCF est favorable à la poursuite. EELV est résolument contre l’atome civil et militaire. Sur la décentralisation et le breton (ou le gallo), le Front de Gauche est jacobin et centralisateur, EELV milite pour des régions fortes et la reconnaissance des peuples minoritaires. Sur l’aéroport, EELV est vent debout contre, tandis que le PCF est favorable à la poursuite de la réalisation de Notre-Dame des Landes. Mais l’unité de façade cache des profondes divisions intérieures , tant entre Parti de Gauche et communistes, qu’entre communistes eux-mêmes : les bretons – dont nombre d’élus locaux et militants du 44 – vendéens et manceaux sont contre l’aéroport, tandis que le PCF national et la fédération 44 inféodée à Ayrault sont pour. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard qu’à Rennes, le PCF n’est pas dans la boucle de l’union avec les Verts.
Finalement, Front de Gauche et EELV sont traversés par deux profondes convergences : « l’union contre » le PS et la course aux prébendes politiciennes. Cela n’en fait pas pour autant un programme, ni un projet d’avenir à proposer aux électeurs.
Crédit photo : Nicolas Patte (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2013, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
Une réponse à “A Rennes, les Verts comptent se faire élire avec les voix d’extrême-gauche”
péteux !