03/10/2013 – 14H40 – Ploërmel (Breizh-info.com) – Les Guinéens attendront : les membres de l’association « Jeunesse sans frontières » de Ploërmel ont décidé d’annuler leur séjour humanitaire prévu dans quinze jours, en raison de la situation de guerre au Mali.
Une douzaine de jeunes Bretons souhaitaient en effet se rendre à Dabola, ville jumelée avec Ploërmel, afin d’y rénover une bibliothèque. Afin de mettre en place ce projet, ils n’avaient pas lésiné sur les moyens : vente de décorations de Noël, repas « africains », brocante, etc. Mais l’intervention de la France au Mali contre les islamistes a changé le contexte géopolitique. La région est aujourd’hui dangereuse.
« Ce n’était pas raisonnable » a conclu la maire (PS) de Ploërmel, Béatrice Le Marre, qui rappelle que la Guinée est actuellement fortement déconseillée aux voyageurs, en particulier aux mineurs.
Les socialistes et des « jeunes sans frontières » découvrent donc, à cette occasion, que le monde n’est pas sans danger, que l’Afrique est devenue, au fil des décennies, une terre de conflits, en raison notamment, comme l’a démontré l’historien Bernard Lugan, des frontières laissées par les colonisateurs européens, frontières artificielles qui ignorent les réalités religieuses et ethniques.
Cette affaire rappelle que la Bretagne est l’une des régions les plus en pointe en matière d’organisation de galas et de soirées au profit de l’Afrique. Il ne se passe pas une fin de semaine sans que plusieurs communes organisent le « traditionnel » couscous en faveur des enfants du Burundi, ou le spectacle de danses africaines en soutien à la construction d’un puits au Niger, ou bien encore la vente de livres ou de fleurs au profit d’un voyage humanitaire à l’autre bout du monde.
Cette conception très particulière de la solidarité, qui entend s’exercer de préférence au profit de pays africains plutôt qu’envers ceux qui, en Bretagne, en France ou en Europe – on pense notamment aux enfants serbes du Kosovo – vivent dans une grande précarité, traduit probablement une certaine nostalgie de l’époque coloniale. Une époque bien révolue.
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