28/09/2013 – 12h00 – Indre (Breizh-info.com) – Pour la deuxième fois de son mandat, les Roms valent à Jean-Luc Le Drenn, maire d’Indre (Loire-Atlantique), une certaine notoriété nationale. La première fois, c’était fin 2009. Il avait décidé d’aider avec les moyens de sa commune une cinquantaine de familles de Roms qui squattaient un terrain privé.
L’œil humide, les milieux « humanistes » l’avaient encensé : « Ah ! Le brave homme ! »
C’est encore aux Roms que Jean-Luc Le Drenn doit son retour à la Une. Interrogé par la radio bretonne privée Hit West (groupe Ouest France), il a déclaré hier que les propos de Manuel Valls sur la non-intégration des Roms, « ça a des relents d’extrême-droite ». La quasi-totalité de la presse française a repris cette déclaration, évidemment peu aimable pour le ministre de l’Intérieur (un « relent » est une odeur nauséabonde).
Le cas d’Indre a fait l’objet de plusieurs reportages et documentaires sur le thème : « l’intégration réussie des Roms ». La vérité est beaucoup plus mitigée. Les projecteurs braqués sur le maire en 2009 lui avaient permis de mobiliser autour des Roms un grand nombre de bonnes volontés. Ainsi dorlotés et encadrés, les migrants illégaux (leur statut ne leur donnait pas le droit de séjourner en France plus de trois mois d’affilée) ne demandaient bien sûr qu’à s’intégrer. Puis une partie des bonnes âmes se sont lassées, la discipline s’est relâchée et les ennuis ont commencé. Dans cette commune à gauche depuis longtemps, Jean-Luc Le Drenn a vu monter une forte hostilité chez les habitants.
Que serait-il advenu de cette intégration « réussie » ? Nul ne le sait : le propriétaire du terrain a obtenu l’expulsion des Roms en juin 2011, et personne ne s’est acharné à les retenir. Jean-Luc Le Drenn a néanmoins installé des mobil-homes pour cinq familles, en soulignant que c’était déjà un bel effort pour une commune de moins de 4.000 habitants (en vérité, d’ailleurs, la plus grande partie du coût a été supportée par la communauté urbaine de Nantes et non par les seuls Indrais).
Mais le passage des Roms a laissé des traces. Jean-Luc Le Drenn se sait politiquement fragilisé. Élu sur une liste d’union de la gauche, il n’est pas adhérent du P.S. Il a déjà annoncé son intention de se représenter en 2014. Seulement, il est devenu « l’homme des Roms ». Si son image menace la reconduction de la gauche à la mairie d’Indre, les socialistes seront logiquement amenés à s’interroger sur sa légitimité. Sa déclaration à Hit West est donc un coup d’éclat audacieux : son éviction, désormais, apparaîtrait comme une purge interne. Cela sera-t-il suffisant pour défendre son siège ? Entre une majorité électorale et le maire d’Indre, le choix du P.S. n’est pas acquis.
Crédit photo : Olivier Cabaret/Flickr (cc)
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