25/09/2013 – 10H00 Rennes (Breizh-info.com) – Selon l’Express, Ouest-France devrait mettre en place un plan de réduction des effectifs. C’est ce qu’a annoncé la direction du quotidien régional lors d’un comité d’entreprise qui s’est tenu vendredi dernier. Les journalistes ne sont pas concernés par ce plan. Malgré les aides considérables que l’Etat lui accorde, la presse va mal.
Selon le syndicat CGT d’Ouest-France, la direction du journal a annoncé lors du CE qu’un plan de départs volontaires serait mis en place. Le nombre de salariés concernés n’a pas été précisé. Un plan sera présenté lors du CE qui se tiendra le 21 octobre. Seuls les ouvriers, employés et cadres seraient concernés, les journalistes ayant été expressément exclus de ces mesures.
Selon une source proche de la direction, le quotidien rennais doit en effet faire face « à une situation économique extrêmement difficile, il y a des questions très graves à gérer, et des solutions à trouver. La publicité ne s’améliore pas du tout, la situation est grave, il est temps de prendre des mesures. Le journal va poursuivre sa mutation au prix d’investissements très lourds » (L’Express, 24/09/13).
La CGT estime pour sa part que la direction « a encore de la marge de manœuvre vis-à-vis de la sous-traitance avec plusieurs activités qui ne sont pas encore sous-traitées, comme le transport, et qui pourraient être concernées par ces réductions d’effectifs. »
Ouest France est la propriété du groupe SIPA – Ouest-France qui lui-même appartient à 99,97 %, depuis 1990, à l’ « Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste ». Cette association de type loi de 1901 a été voulue avant tout par François-Régis Hutin, le PDG du quotidien, pour mettre son journal à l’abri d’un rachat.
Le quotidien emploie à lui seul 1555 personnes dont 564 journalistes professionnels répartis dans soixante-quatre rédactions. A cela il faut ajouter un réseau de plus de 2500 correspondants locaux.
Les graves difficultés rencontrées par Ouest-France ne sont que le reflet de celles qui touchent l’ensemble d’une presse qui, probablement parce qu’elle tient depuis des décennies un discours très « conformiste » notamment sur les sujets politiques et sociétaux, intéresse de moins en moins de lecteurs. Malgré les aides très importantes accordées par l’Etat – elles se sont élevées à 5 milliards d’euros entre 2009 et 2011 et à 684,3 millions d’euros pour la seule année 2013 – la presse écrite continue en effet de s’enfoncer dans la crise.
Dans un rapport publié le 18 septembre 2013, la Cour des comptes remet d’ailleurs en cause ces aides, estimant que ce système ne fonctionne pas. « En tout état de cause, écrit la Cour, et comme en témoigne la décroissance du tirage et de la diffusion, la crise de la presse persiste et s’accroît, en dépit des moyens importants engagés par l’Etat ». Pour les magistrats de la rue Cambon, « la plupart des aides présentent des résultats très en deçà des attentes et des moyens engagés ». Selon eux, les aides à la modernisation « paraissent avoir insuffisamment incité les entreprises à engager leurs nécessaires mutations technologiques ».
Toujours selon la Cour des comptes, Ouest-France aurait perçu de l’Etat, pour la seule période 2009-2011, la bagatelle de 15,7 millions d’euros au titre des aides directes. Manifestement ce financement, assuré par les contribuables, ne suffit pas à contribuer à la bonne santé du premier quotidien francophone.
Crédit photos : Steven Jambot/Flickr (cc) imprimerie Ouest-France Chantepie et DR
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