La salle A Capella a été construite récemment derrière les entreprises de la zone industrielle sur la route de Pontchâteau. Un endroit éloigné des regards, mais aux multiples issues facilement accessibles. Ce qui explique les multiples dégradations dont est victime la salle. A la mairie, on confirme le projet de vidéo-surveillance : « il y a tout le temps des jeunes désoeuvrés qui traînent sous le porche; ils font des wheelings (roues arrières) sur la terrasse en bois, cassent des vitres, fument des joints, dégradent, balancent des détritus. Y en a marre« .
Désemparée, la mairie prévoit de déposer un dossier d’autorisation auprès de la préfecture pour déployer cinq caméras afin de protéger la salle. Elles seront reliées à un poste central de surveillance, ce qui devrait permettre, espère-t-on à la mairie, d’identifier et de mettre hors d’état de nuire ceux qui s’attaquent à la salle polyvalente flambant neuve et qui joue d’un franc succès dans les environs, étant très demandée pour les mariages et autres fêtes.
La décision peut surprendre, puisque Besné est un petit village – même si dans n’importe quel terroir du centre de la France il ferait facilement un chef-lieu de canton, avec ses 2600 habitants et ses commerces. Cependant, cela fait plusieurs années que la délinquance a débordé de Saint-Nazaire dans les communes rurales alentour, alors que pouvoirs publics et élus préféraient se taire pudiquement. Organisés en comité, les Voisins Vigilants de Pontchâteau et de la Haute Brière se font l’écho d’une délinquance quotidienne – cambriolages en tous genres, dégradations, incivilités – qui écorne l’image de tranquillité de la campagne bretonne.
Pas de quoi désarçonner certains élus. Ainsi, après avoir reçu le comité des Voisins vigilants de Haute Brière le 19 août dernier, l’adjoint au maire (DVG) pour la sécurité de la Chapelle des Marais, Gilles Perraud, s’est fendu d’une lettre pour refuser l’établissement d’un partenariat entre la commune et les Voisins vigilants au motif « que la Chapelle des Marais ne fait pas partie des communes à risque concernant l’insécurité« . Serait-ce une ville sans cambriolages? sans vandalismes? Que nenni !
En attendant, malgré la politique d’autruche de certains élus, la propension des communes rurales à s’équiper des caméras de vidéo-surveillance, jusqu’alors réservées aux grandes villes et à leurs installations (transports en commun, équipements publics…) est un bon indicateur de la progression de la délinquance. Ainsi, en cette fin d’année 2014, la commune du Pellerin a lancé un appel d’offres portant sur la vidéo-protection des bâtiments communaux ; la même initiative a été prise par la mairie (socialiste) de Fougères. Au Pellerin, commune située à l’ouest de la métropole nantaise, la vidéo-surveillance est une promesse de campagne clairement liée à l’insécurité et s’accompagne du recrutement d’un policier municipal. L’opposition de gauche y voit au contraire la « stigmatisation de la jeunesse« , position partagée par le collectif anti-caméras qui en est proche.
Bien qu’un rapport de 2011 de la Cour des comptes ait sévèrement étrillé le coût de la vidéo-surveillance pour des résultats somme toute discutables et des atteintes certaines aux libertés fondamentales, de plus en plus de communes continuent de déployer des caméras. Est-ce une peur déraisonnée ou une solution – peut-être contestable – à un réel problème face auquel les habitants, surtout ruraux, sont encore une fois abandonnés par les décideurs et les forces de l’ordre ?
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