20/09/2014 ‑ 08H00 Narbonne (Breizh-info.com) ‑ Né en terre occitane, Richard Roudier est licencié en droit « et en syndicalisme étudiant radicalement activiste ». Ancien militant d’Europe-Action, puis dirigeant du Bloc Identitaire, il préside aujourd’hui le Réseau Identités et la Ligue du Midi. Spécialiste des questions de territorialité, il vient d’écrire une Lettre ouverte au président de la République à propos de la réforme des régions. Il a également publié en 2013 une autobiographie militante : Le Glaive et la charrue.
Nous l’avons interrogé à propos des propositions formulées dans son ouvrage concernant la réforme territoriale. Des propositions qui détonent par rapport à celles étudiées jusqu’ici par les responsables politiques.
Breizh-info.com : Pourquoi avoir publié ce livre ?
Richard Roudier : D’abord parce que notre actuel et très provisoire président de la République m’en a donné l’occasion. Il a pris tout le monde au dépourvu, on s’étonne encore du pourquoi de cette réforme et de son timing… Si j’ai choisi de publier ce livre dans l’urgence, c’est évidemment pour en faire un usage politique ; en effet, dans trois ans, en 2017, des conditions révolutionnaires franches seront ouvertes par l’élection présidentielle, qui ne ressemblera à aucune des précédentes. En tout cas, j’ai tenu à faire part au plus grand nombre de la vision identitaire que je propose pour le pays…
L’organisation territoriale est, pour nous autres Identitaires, une question fondamentale, puisque l’enracinement et la relation privilégiée entre l’homme et sa terre forment pour nous l’axe de résistance face au mondialisme destructeur des peuples et des cultures.
Breizh-info.com : Quels sont les principaux arguments que vous entendez défendre ?
Richard Roudier : Le message que j’ai voulu faire passer est : « à faire une réforme, autant la faire bien ! ». Tout un chacun s’est aperçu que le redécoupage territorial était abscons et se justifiait bien souvent par des copinages évidents et des tripatouillages électoraux – je pense en particulier à la « fabrication » de la première version du Limoupoitoucentral, taillé sur mesure pour Ségolène Royal, ou à la Bretagneamputée pour Jean-Yves Le Drian, que celui-ci souhaite sans Nantes et la Loire-Atlantique, ou encore à la région la plus improbable de toutes, celle des Pays-de-Loire-qui-ne comporte-aucun-château-de-la-Loire…
J’apporte à François Hollande une règle évidente qui permettra à tous de comprendre la nouvelle organisation. Cette règle est basée sur des critères naturels et historiques. Elle s’impose donc comme une évidence car elle s’intègre « naturellement » dans la cartographie actuelle. La fabrication d’un espace politique régional se caractérise fondamentalement par le processus de construction sociale d’une « identité », c’est-à-dire par des ensembles anciennement constitués, notamment autour de la langue régionale ou de l’histoire. C’est l’émergence de la véritable Région identitaire pouvant rivaliser avec ses homologues européennes.
Breizh-info.com : La réforme territoriale nouvelle version a été adoptée par l’Assemblée nationale. Pensez-vous qu’un autre processus soit possible désormais ?
Richard Roudier : Le film n’est pas terminé, on en est à l’entracte et la reprise va être dure au Sénat, surtout depuis que le Mouvement des radicaux de gauche sert de béquille à la « majorité » socialiste ; on connaît la haine qu’ils portent à l’identité ainsi que leur attachement viscéral à la « gamelle » des conseils généraux. Je me suis donc appliqué à convaincre François Hollande de la nécessité d’opter pour une méthode claire et publique, avant de l’appliquer avec un certain consensus. Ce processus « révolutionnaire » de réforme régionale est-il possible ? En tout cas, il est nécessaire.
Economiquement d’abord, puisqu’il s’agit avant tout de réaliser des économies budgétaires. Il est indispensable sur ce point de supprimer l’échelon des conseils généraux.
Ensuite, je ne voudrais pas que la France se retrouve encore une fois bonne dernière pour ce qui est du processus d’autonomisation des peuples au sein des Etats-nations européens – voir Ecosse, Catalogne, Flandre -…. Il est grand temps que l’on accorde un statut de TOM à la Corse, qu’on remette Nantes en Bretagne, que les deux Normandie n’en fassent plus qu’une… et que mon Languedoc enfin réunifié au bout de 900 ans se dote de Narbonne pour capitale.
Breizh-info.com : Les élus ont ils peur d’une carte de France « identitaire » selon vous ?
Richard Roudier : Absolument ! On retrouve bien là la démocratie à la française, où les élus mènent leur fronde uniquement parce qu’ils sont directement concernés. Ces derniers ne sont quasiment que des fonctionnaires territoriaux, élus parce qu’il le faut bien, et ne songent qu’à une seule chose : conserver leur poste et maintenir en place leur système de copinage, auquel seul l’alibi du système électoral épargne le nom de mafia.
Chacun a bien compris qu’en défendant leur petite « région-rente » nos politiciens de comice agricole ne cherchent qu’à préserver leurs intérêts douillettement pourvus. Véritables adeptes du copinage et du favoritisme, ils sont à eux seuls une démonstration anthropologique de l’état réel de notre démocratie locale. D’ailleurs, les conseils généraux dont je réclame la suppression sont depuis longtemps reconnus par nos concitoyens comme étant un siège de la gabegie, de la corruption et du clientélisme.
Je constate avec un amusement cynique que les grands jacobins se dressent, indignés, lorsqu’il s’agit d’enseigner la langue et l’histoire locales dans les classes primaires et se mettent soudainement à défendre bec et ongles leur région-territoire qui n’est que pure création artificielle dans des cas comme PACA, Languedoc-Roussillon ou Midi-Pyrénées. Mais même dans mon Midi occitan imprégné de radical-socialisme, si je peux apparaitre comme un allié objectif de la réforme territoriale, le gouvernement trouvera sur son chemin, dans son propre camp, un tas d’ennemis, aussi résolus que des taureaux privés subitement de mangeoire.
Breizh-info.com : Comment voyez vous l’avenir administratif de la France ?
Richard Roudier : Malheureusement, il semble très sombre. J’entrevois un accroissement de la « chose administrative » au lieu d’une simplification des relations citoyen-Etat. Le réflexe de tout Etat qui perd pied est d’augmenter la pression sur le peuple dans sa vie de tous les jours, de façon à le maintenir dans un brouillard qui dissimule la situation telle qu’elle est vraiment — c’est à dire catastrophique ! Songeons à la Grèce ou au Portugal et aux scènes de guerre civile que nous y avons vues. Les chefs d’Etat en grande difficulté n’ont d’autres remède que de lancer de la poudre aux yeux grâce à des réalisations aussi coûteuses qu’inutiles et de s’impliquer dans des aventures guerrières exotiques qui n’arrêtent en rien leur dégringolade sondagière. Napoléon III en avait fait l’amère expérience dans sa désastreuse intervention au Mexique… A quand la calamiteuse débâcle de Sedan pour François Hollande, notre imitateur au petit pied du créateur des « fêtes impériales » ?
« Lettre ouverte au Président à propos de la réforme des régions »
124 pages / 2014 / 12 € (+ port 3 €)
Commander à Editions Identitor, [email protected] ou Editions Identitor, BP 1-7114, 30912 Nîmes Cedex 2
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