10/10/2013 – 09H00 Douarnenez (Breizh-info.com) – En enlevant la mairie de Douarnenez à la gauche en 2008, l’actuel maire, le sénateur Philippe Paul (UMP) se doutait probablement qu’il héritait d’une situation délicate. La Chambre régionale des comptes venait de se pencher sur la gestion de la commune de 2000 à 2005. Publié au lendemain des élections municipales, son rapport révélait un fort dérapage des dépenses et de l’endettement.
« Les charges de fonctionnement ont augmenté de 18 % durant la période, et se situent en montant par habitant (1097 € en 2005) bien au-dessus du niveau des communes de la même strate de population », écrivait la Chambre. « Cette augmentation est due pour une bonne part à celle des charges salariales (+29 % entre 2000 et 2005) qui représentent aujourd’hui 55 % du budget de fonctionnement. La dette progresse de 35 % entre 2000 et 2005. (…) La pression fiscale est déjà forte (les taux d’imposition sont parmi les plus élevés de ceux des villes de plus de 10 000 habitants de la région) (…) Des pratiques irrégulières ou contestables ont été relevées par la chambre (…) La commune respecte rarement les délais réglementaires de paiement des factures de ses achats », etc.
En réalité, la situation était encore plus grave que la Chambre ne l’avait noté. Le point le plus noir était la dette : accrue de 35 % entre 2000 et 2005, elle atteignait 1.335 euros par Penn Sardin en 2005, contre 905 euros pour les communes de même catégorie au niveau national ! Pour desserrer un peu l’étau des remboursements, la municipalité de Douarnenez avait renégocié plusieurs emprunts avec ses banques, Dexia CLF en particulier, en allongeant considérablement leur durée, jusqu’en 2020 dans un cas.
Le remède s’est révélé pire que le mal : un nouveau rapport de la Chambre régionale des comptes vient de révéler que cette dette renégociée du temps de Monique Prévost (également connue pour avoir célébré le premier « mariage pour tous » du Finistère en juin dernier) comprend essentiellement des « emprunts structurés à risque ». Pour diminuer ses remboursement dans l’immédiat, la commune a souscrit des emprunts susceptibles de coûter très cher quelques années plus tard à cause de leur durée, de leur taux variable et/ou de leur indexation sur le franc suisse.
La Chambre analyse dans son nouveau rapport les démarches de renégociation de la dette conduites depuis l’élection de la municipalité actuelle mais constate de « faibles marges de manœuvre face à des interlocuteurs bancaires qui arguent de la validité d’un contrat signé, pour des emprunts structurés conclus avant 2008 ». Le cas de Douarnenez est à ce titre exemplaire : les élus locaux qui veulent jouer les génies de la finance peuvent causer des dégâts qui s’étendent bien au-delà de leur fin de mandat.
Crédit photo : Moreau.henri (cc via Wikimedia)
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