02/07/2014 – 07H00 Blain (Breizh-info.com) – Un des volets méconnus de cette réforme territoriale hâtivement bricolée et qui fait tant jaser pendant que le pays s’effondre, c’est la réforme des intercommunalités, dont le seuil minimal, d’abord prévu à 10 puis à 15.000, doit passer à 20.000 habitants. Une différence minime qui conduit beaucoup de maires à s’arracher les cheveux.
En Loire-Atlantique, cela revient à vouloir rayer de la carte ou agrandir plusieurs intercommunalités, notamment Coeur d’Estuaire (trois communes, le Temple de Bretagne, St Etienne de Montluc et Cordemais), dite « République indépendante de la centrale EDF »; les intercommunalités avoisinantes lorgnent déjà sur le magot que représente la taxe professionnelle de la centrale qui représente à elle seule 60% de la production d’électricité en Bretagne historique et 22.5% de celle qui y est consommée.
Tout aussi concernée, la CCRB, communautés de communes de la région de Blain (ou du pays de Blain. Avec ses 16.000 habitants sur quatre communes (Blain, Bouvron, la Chevallerais, le Gâvre), elle passait sous les fourches caudines de la première mouture de la réforme. Pas sous celles de la seconde. Elle doit donc s’adapter ou disparaître.
Or la commune la plus peuplée (Blain, 10.000 habitants depuis peu), en a assez depuis des années de la gouvernance exercée par Bouvron, dont le maire Marcel Verger a longtemps présidé aux destinées de l’intercommunalité, avant de passer le relais à son premier adjoint Gérard Dréno en avril 2014.
« Ce n’est plus la CCRB, communauté de communes de la région de Blain, mais la communauté de communes de la région de Bouvron« , persifle ainsi un élu de Blain. « Verger tire tout à lui et à sa commune. Rien n’est trop beau pour sa majesté l’empereur de Bouvron. » Il y a une raison historique : si Blain, plus peuplée, a la plus grosse contribution, c’est Bouvron, fort de sa fromagerie située dans le top 50 des entreprises du département pour son CA, qui apporte une part importante de la taxe professionnelle. Une richesse qui a permis par le passé à Bouvron de rénover ses équipements communaux et transformer avec goût l’ancienne minoterie, au coeur du bourg, en logements.
Nozay ou Savenay ?
Très récemment, Jean-Michel Buf, le nouveau maire de droite (ex-UDI) de Blain, a tapé du poing sur la table. Si Blain n’était pas écoutée un peu plus au sein de la CCRB – sous entendu, récupérait la direction des choses – la commune se tournerait vers la communauté de communes de la région de Nozay, avec laquelle elle partage déjà la mission locale (emploi, insertion sociale) , et des structures départementales pour les jeunes et les seniors. Si Blain venait à partir, la Chevallerais, située dans le même canton que Nozay, serait obligée de suivre. Et la CCRB s’effondrerait.
A Bouvron, Verger et consorts sont attachés à un autre avenir : rejoindre la communauté de communes Loire et Sillon, plus riche, mieux irriguée, plus urbanisée. Et peut-être bientôt renforcée par Coeur d’Estuaire, à moins que celle-ci ne suive le SCOT et ne se tourne vers la métropole nantaise. Mais aussi menacée par l’extension de la métropole qui bientôt ne fera qu’une entre Nantes et Saint-Nazaire.
Le choix du maire de Bouvron est dicté par deux paramètres : le SCOT (schéma de cohérence territoriale), toujours, qui n’irait plus si la CRRB rejoignait la communauté de communes de Nozay, et la proximité. Bouvron est à 25 km de Nozay par une RN171 dangereuse et à 1 voie de chaque côté, et à 10 km de Savenay par la même route, mais modernisée. Le choix de Nozay n’arrange pas non plus franchement les habitants de Saint-Omer de Blain (22 km), même si le reste de la commune de Blain est plus près.
Il est intéressant de remarquer que la réforme des cantons a tourné Blain vers le Sillon de Bretagne, en regroupant les cantons de Blain et de Savenay. La traditionnelle rivalité entre les deux villes, qui avait vu la sous-préfecture (1800) puis le maintien de la gare (années 1970) échapper à Blain, et qui nourrit encore aujourd’hui la rivalité entre les zones commerciales de la Mazonnais (Blain) et de la Colleraye (Savenay) a été close par l’octroi à la ville du statut du chef-lieu du canton nouveau. Si Blain venait à Savenay, celle-ci récupérerait l’avantage.
Sauver la CCRB, encore possible?
Cependant, il reste encore possible de sauver la CRRB. Soit que le seuil soit subrepticement ramené à 15.000 habitants, comme il en est question en haut lieu pour apaiser la fronde des élus locaux : ce qui compplique la vie de quelques intercos en Loire-Atlantique devient un casse-tête général dans des départements beaucoup plus ruraux où pour réunir 20.000 habitants, il faut grouper 40 communes, voire le quart du département comme en Lozère.
Soit que d’autres communes rejoignent le pays de Blain. Il est notamment question, dans la communauté de communes voisine d’Erdre et Gesvres (55.500 habitants) de deux communes qui en auraient assez et qui pourraient se tourner vers une autre intercommunalité. Elles sont limitrophes de la CCRB. Renforcée par au moins une de ces deux villes, l’intercommunalité blinoise pourrait être sauvée. Mais ses élus y croient-ils encore ?
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