15-01-2014 – 07h00 Rennes (Breizh-info.com) – Une centaine de clandestins, venus du Congo, d’Arménie ou de Mongolie ont trouvé une « solution temporaire de relogement » attribuée par la préfecture d’Ille-et-Vilaine.
Après avoir occupé illégalement le squat de Pacé – un des plus grands squats d’Europe évacué en 2012, investi par 250 clandestins, dont au moins la moitié bénéficient déjà d’une solution de relogement – certains se sont réfugiés dans l’église Saint-Marc à Rennes-Villejean, désaffectée depuis plusieurs années. Celle-ci avait dû être réhabilitée par la préfecture d’Ille-et-Vilaine suite à une première occupation en 2010. De la quarantaine de squatters de départ, en mars 2013, ils étaient aujourd’hui 120 à évacuer l’église Saint-Marc. Par contre, seulement une petite centaine d’entre eux se sont présentés à la préfecture. « Nous les attendions d’autant plus que nous étions en mesure de les loger », a ajouté le secrétaire général de la préfecture, Claude Fleutiaux.
L’église, qui avait été purement et simplement réquisitionnée par l’association « un Toit c’est un droit » notamment en fracturant la porte. Elle était devenue le lieu de vie de ces clandestins, issus de 3 continents différents, aidés à la fois par le Secours catholique et « Un toit c’est un droit », avec la bénédiction du diocèse. « Il faut souligner la propreté et le sens de l’organisation de ces familles, qui nous rendent l’église dans un très bon état » déclare le chargé de communication du Diocèse de Rennes.
Concernant une indemnisation éventuelle pour le préjudice subi, le chargé de communication déclare « que ce sera vu en temps voulu ». Néanmoins il se fait peu d’illusions sur les chances de l’obtenir, hormis via une prise en charge par l’État – donc par le contribuable – des frais d’électricité et d’eau notamment.
Bonne nouvelle pour les 100 squatteurs : la préfecture leur a trouvé des gîtes ruraux, des hôtels et d’autres logements collectifs afin de leur offrir une solution de relogement jusque fin juillet au moins pour les familles (fin mars pour les autres, afin de respecter la loi sur l’hébergement d’urgence hivernal), afin de permettre aux enfants de poursuivre leur scolarité normalement.
La préfecture travaille avec plusieurs organismes et labels, dont « Gîtes de France » afin de permettre aux clandestins d’être logés en attente de l’étude de leur dossier.
Le coût moyen d’une nuitée en chambre d’hôte autour de Rennes tournant est de l’ordre de 40 € pour une personne et 60 € pour 3 personnes. Un rapide calcul laisse apparaitre une charge d’environ 11 000 € pour une famille de trois personnes et pour six mois d’hébergement, délai possible pour des familles avec enfants scolarisés.
Il faut savoir que les demandeurs d’asile sont particulièrement bien pris en charge dans le département d’Ille-et-Vilaine. Nous avions déjà enquêté sur le coût que représentait pour la collectivité l’accueil des mineurs isolés étrangers. Quant aux demandeurs d’asile en général, dans l’attente de l’examen de leur dossier souvent très longue, ils bénéficient systématiquement , de l’ATA (allocation temporaire d’attente) qui s’élève à 340,50 € par mois.
À cela s’ajoute la possibilité de bénéficier de la CMU (Couverture Maladie Universelle) ou bien du régime général de la sécurité sociale en fonction du statut, ce qui leur permet de bénéficier d’une prise en charge totale de leurs soins.
Concernant l’hébergement d’urgence en Ille-et-Vilaine, M. Fleutiaux, le secrétaire général de la préfecture déclare que celle-ci bénéficie d’un crédit d’État de 1 796 360 € en 2013 (+15% par rapport à 2012) alloué aux demandeurs d’asile pour le paiement des hébergements d’urgence. Ce crédit est géré via une convention entre l’État et COALLIA, organisme national destiné à l’insertion des personnes dans la précarité. Or son activité centrale en ce domaine semble se concentrer sur les demandeurs d’asile. Ainsi, en 2012, d’après le rapport d’activité de l’organisme, 4916 places d’hébergement d’urgence concernaient des demandeurs d’asile ou des réfugiés, pour 5464 places disponibles).
D’autre part, une aide d’urgence pour l’hébergement de droit commun (pour français ou étrangers non demandeurs d’asile) s’élevait en 2013, toujours d’après les chiffres communiqués par la préfecture, à 1 971 564 € (en augmentation de 27,92% par rapport à 2012) .
Concernant la Bretagne, une question désormais se pose : dans une région qui voit son taux de chômage grimper et alors qu’une partie de la population doit quitter les côtes pour les terres ou pour d’autres régions, faute d’argent et de perspectives d’avenir, est-il justifié et légitime que des millions d’euros soient ainsi dépensés prioritairement pour des populations souvent entrées illégalement en France et dont le nombre est difficilement chiffrable ?
C’est désormais l’interrogation de nombreux Bretons, eu égard aux risques de concurrence sur le marché du travail, mais aussi et surtout à l’aide massive apportée par l’État providence (soins, logements, énergie…) à des populations n’entrant pas dans le « contrat social », ciment de la communauté, qu’elle soit régionale, nationale ou européenne.
Crédit photo : diocèse de Rennes
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