07/06/2017 – 05h50 Plédéliac (Breizh-Info.com) –Samedi 3 juin au soir, se tenait au château de la Hunaudaye, en Plédéliac (22), une conférence sur l’imaginaire médiéval dans l’Opéra du 19ème siècle dont nous avons évoqué la tenue dans un précédent article. Une conférence animée par Julia Le Brun, jeune fondatrice du Voyage Lyrique et, bien entendu, passionnée d’opéra.
Une quarantaine de personnes ont assisté aux deux heures de récits illustrés par de la vidéo sur grand écran. La conférence se tenait en plein air dans l’enceinte du château, la tombée de la nuit et le cadre médiéval venant sublimer le thème de la soirée.
Le gothique à l’opéra
Le premier thème abordé fut le gothique, un courant culturel mis en musique au début du 19ème siècle qui venait alors matérialiser l’intérêt croissant des sociétés de l’époque pour l’Histoire et le fantastique. C’est ainsi que les compositeurs vont notamment s’intéresser à Shakespeare et faire entrer ses œuvres à l’opéra. Une tonalité moyenâgeuse sera donnée aux compositions, un Moyen Âge qui fascinait la bourgeoisie de cette période, nouveau public en quête de divertissement.
D’un point de vue littéraire, les premières œuvres identifiées comme issues du mouvement gothique furent The Castle of Otranto de Horace Walpole (1764), puis Vathek de William Beckford (1787) ou encore, un peu plus tard (1796), Le Moine de Lewis . Par la suite, le style connaîtra un net déclin, parachevé par Frankenstein, l’œuvre de Mary Shelley écrite en 1818.
L’opéra comme vitrine nationale
Autre point intéressant de la soirée, la dimension politique de l’opéra au 19ème. Alors que les états-nations européens devenaient le modèle de structuration dominant, l’opéra fut donc le moyen pour eux de montrer leur puissance et leur grandeur à leurs voisins. Ce sera particulièrement le cas des états de l’Europe centrale et de l’Est qui auront des productions nationales particulièrement prolifiques.
Romantisme allemand en réaction aux Lumières
Poursuivant son voyage dans la création lyrique européenne, Julia Le Brun nous emmenait ensuite sur les terres du romantisme allemand, une autre vague culturelle prenant naissance à la fin du 18ème siècle pour s’étendre jusqu’au milieu du 19ème.
Ce romantisme est considéré comme une réaction au mouvement des Lumières dont le rationalisme et la rupture avec la Nature furent notamment des objets de critique. Le romantisme allemand apparaît encore à l’heure actuelle comme l’un des moments essentiels de la sensibilité européenne, largement marqué par son caractère irrationnel et sa dimension fantastique.
À l’opéra, ce courant connaîtra ses heures de gloire avec des compositeurs de renom. Ainsi, Richard Wagner ou encore Carl Maria Von Weber mettront en musique cette volonté de retour aux sources germaniques bercée de mythologie nordique.
Malgré une relation amicale plus que compliquée, Nieztsche, dans Humain, trop humain, prendra parti pour Wagner contre les Lumières en estimant alors que, face « au sommet de la philosophie des Lumières, correspond le sommet de la réaction à la philosophie des Lumières chez Schopenhauer et Wagner ».
Autre production allemande majeure de l’époque, Faust, l’œuvre de Goethe dont l’opéra le plus populaire et le plus représenté est assurément celui créé par Charles Gounod en 1859.
Le celtisme à travers le prisme de l’opéra
Le celtisme, l’autre éminent rameau de la genèse européenne, bien que moins utilisé en comparaison des thématiques germaniques et d’Europe centrale, a lui aussi fait son entrée à l’opéra. Parsifal, l’œuvre ultime de Wagner en 1882 (un an avant sa mort) sur la légende du Graal et le chevalier Perceval, en est un saisissant exemple.
Le compositeur allemand revisitera également une autre légende celte et réalisera un opéra en trois actes intitulé Tristan und Isolde en 1865.
Un peu avant minuit, alors que Julia Le Brun avait encore quelques belles choses à nous apprendre, le ciel est venu mettre un terme prématuré à cette belle soirée et la pluie a contraint les organisateurs comme les participants à quitter les lieux plus tôt que prévu. Un léger goût d’inachevé qui encouragera certainement les spectateurs du soir à continuer de suivre les travaux de la conférencière, qui a fait l’unanimité contrairement aux caprices du temps.
VL
Crédit photos : Blog Julia Le Brun / Breizh-info.com
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