26/12/2016 – 08H30 Rennes (Breizh-info.com) – Alors qu’il donnait une conférence Lundi 19 décembre 2017 à Rennes, Robert Ménard, maire de Béziers, a accepté de répondre à nos questions, sur son bilan, sur sa venue en Bretagne, sur le Front national, les médias, la situation politique en France. Nous avons retranscrits à l’écrit l’interview, mais vous pouvez également l’écouter ci-dessous.
Breizh-info.com : quel est l’objet de votre venue à Rennes ce soir ?
Robert Ménard : C’est afin de présenter mon livre, « ABCDaire de la France qui ne veut pas mourir » qui est un recueil des leçons que j’essaie de tirer de la gestion d’une ville comme Béziers. Au delà de la spécificité locale, s’agit de s’interroger : est ce qu’une expérience comme cela donne des pistes, ouvre des portes, pour demain, à un autre niveau, faire en sorte que le changement auquel on aspire les uns et les autres entre dans les faits ?
Mes ennemis qualifient Béziers de « laboratoire », je les ai repris au mot. Oui, nous continuerons à être un laboratoire de cette France qui ne veut pas mourir et qui entend le faire savoir, et se battre.
Breizh-info.com : vous n’étiez pas prédestiné à être maire d’une commune comme Béziers, vous le journaliste militant. Quel bilan tirez-vous de ces premières années de gestion ?
Robert Ménard : On essaie de marcher sur deux pieds. Vous ne pouvez pas vous faire entendre si vous ne commencez pas par répondre aux besoins des gens. Dans ma ville, qui était sinistrée ( 4ème la plus pauvre de France), une ville où le changement de population saute aux yeux, les bittérois avaient besoin de se réapproprier la ville. C’est une très belle ville mais elle a périclité depuis quelques décennies.
Pour rendre cette fierté aux bittérois, il fallait d’abord rendre la ville sûre : pouvoir se promener à n’importe quelle heure dans la ville. Cela vous semble peut être basique mais ça ne l’était plus. Une ville propre, pas jonchée d’ordures. Une ville dont on soit fier. Toute la politique culturelle de la ville a consisté à dire aux citoyens qu’ils ont raison d’être fiers de ce qu’ils sont , de ce qu’ils pensent, de leur histoire …on a multiplié les initiatives dans ce sens.
Béziers est une ville qui ose dire aussi qu’elle est de tradition chrétienne. Plus de 2000 personnes sont allés voir la crèche dans l’hôtel de ville – on a à ce sujet encore gagné un procès de nouveau contre la Ligue des Droits de l’Homme.
La propreté, la sécurité, la fierté de ses racines, et un certain nombre de paroles fortes. C’est parce que vous réglez les problèmes des gens au quotidien qu’ils écoutent ce que vous dites. Quand on explique qu’on ne veut plus de migrants à Béziers, ou qu’on est de tradition chrétienne , on peut le dire car en même temps on offre aux bitterois des réponses concrètes à leurs problèmes concrets. Il y a à Béziers la seule grande mutuelle municipale ( plus de 5000 personnes). Les musées sont gratuits, le gaz est le moins cher de France car on a négocié pour l’ensemble de la population.
Nous subissons des attaques de la presse subventionnée, mais nous ne les craignons pas car la population nous soutient. Il y a deux ans, les galeries Lafayette devaient fermer leur magasin à Béziers comme à Lille, deux ans plus tard, ils n’ont pas fermé à Béziers, car on a racheté les murs, s’est mis autour d’une table et on a trouvé un terrain d’entente..
Breizh-info.com : que dites vous à vos détracteurs politiques ou médiatiques qui ont dit que vous aviez fait de Béziers un « laboratoire de l’extrême droite », et même que vous aviez séparé Béziers en deux , laissant certaines communautés de côté ?
Robert Ménard : il ne faut pas croire la presse, c’est le premier conseil. Ni la presse locale d’ailleurs qui à Béziers n’est pas mieux que Libération. Ils sont Libération sans même le talent, c’est vous dire à quoi ça ressemble. Bien sur que non, il n y a aucune communauté mise de côté. Le premier grand projet qui sort de terre en ce moment, c’est un marché couvert dans le quartier « sensible », largement mono-ethnique de la ville.
Dans les classes primaires publiques à Béziers, les deux tiers des enfants sont musulmans. C’est pas un problème en soi, il faut répondre à cette problématique et nous nous y employons. Mais en même temps, oui, je dis que je ne veux plus d’immigration. Et pour qu’il n y en ai plus à Béziers il n’en faut plus en France. Oui, je dis que je respecte les mosquées (5 dans ma ville), mais je demande aussi aux Imams de signer un texte s’engageant sur un certain nombre de règles à respecter (pas de propos salafistes, prêches en français ..) ; il n y en a que deux qui l’ont fait. Je tire les conséquences sur ceux qui ne l’ont pas signée.
La France est un pays de tradition judéo-chrétienne, pas bouddhiste, taoïste ou musulmane. Donc je ne traite pas les différentes religions de la même façon. J’ai une lecture différente des laïcards de service. Je ne crois pas que cela soit exclure une population, d’ailleurs ils votent pour moi…donc cela montre bien que ce n’est pas un problème, à moins qu’ils soient masochistes. Vous savez pourquoi une partie de la communauté musulmane vote pour moi ? Parce que le maire que je suis, quand il interdit aux enfants de moins de treize ans d’être dans la rue à partir d’une certaine heure le soir, ce sont les mamans musulmanes qui sont contentes de cela, car les familles monoparentales ont besoin d’autorité (les hommes s’étant « tirés » parfois vers le Bled comme on dit).
Je crois que nous menons des actions dont je pense qu’elles pourraient inspirer une politique qui dépasse Béziers. Mais oui, qui est une politique conservatrice. Pas réactionnaire (tout n’était pas mieux il y a cinquante ans), mais un peu autoritaire car je pense que nous en avons besoin.
Breizh-info.com : vous êtes une personnalité qui a toujours été activiste. Vous le restez d’ailleurs en tant que maire y compris en vous étant rapproché du Front national. Ne trouvez vous pas qu’il y a une forme de rigidité au sein du FN (dans les instances décisionnaires), qui empêche peut être une multitude d’autres coups d’éclats nationaux comme ceux dont vous avez le secret ?
Robert Ménard : je ne vais pas jeter la pierre aux autres maires. Julien Sanchez, maire de Beaucaire fait beaucoup de choses. Il est vrai que d’autres mairies FN essaient absolument d’être le moins clivantes possible. C’est d’ailleurs la politique du FN globalement aujourd’hui. Pas seulement au niveau local. On voit bien le discours de Marine Le Pen, qui pense qu’il faut jouer le plus possible une banalisation du discours pour rassurer un certain nombre de gens.
Je ne suis pas sûr que ça soit forcément la bonne stratégie. Ce que je retiens de Trump – sans comparer les USA et la France – c’est que les gens ont envie d’entendre un discours fort, qui reprennent peut être même parfois durement ce qu’ils vivent. A Béziers, il y aura toujours quelques bourgeois qui me reprocheront les affiches dont ils se disent que peut être que si on le disait de façon moins frappante cela serait mieux. Ce sont les mêmes qui cherchent toujours des excuses pour ne pas changer la société.
Les gens qui subissent les conséquences de la mondialisation, de la politique menée par droite et gauche dans ce pays, ils entendent absolument le discours que je tiens. J’emploie les mêmes mots qu’eux pour le dire. Le Front national a adopté une autre stratégie. Moi je n’en suis pas membre, j’en suis un allié, pour le moment, tout va bien.
Breizh-info.com : est-ce qu’en lissant son discours, Marine Le Pen ne prend pas le risque de perdre une partie de son électorat lors des prochaines échéances ? Sa tournée à Mayotte à la rencontre de chefs de clans musulmans n’est elle pas une image assez choquante finalement, à l’heure où la préoccupation majeure des Français, c’est notamment la vague migratoire ?
Robert Ménard : je crois qu’elle a eu un discours qui contrebalance ces images. Moi je ne lui reproche pas ça. Ce que je pense c’est que l’erreur colossale c’est de ne faire que ça. Aujourd’hui, Marine Le Pen a un atout c’est que personne ne conteste son leadership. Donc il faut absolument qu’elle agrège autour d’elle des gens qui n’ont pas forcément les mêmes analyses qu’elle. Moi j’ai beaucoup de désaccords avec le Front national – je l’ai dit et redit – mais en même temps j’appellerai à voter pour elle. Je ne vais pas appeler à voter pour M. Fillon, premier ministre pendant cinq ans.
Il faut, même avec des réticences, voter pour Marine Le Pen, seule possibilité d’un vrai changement. Là où vous avez raison c’est que si jamais le FN ne tolérait que le point de vue lissé ça serait une erreur. On a besoin dans cette droite nationale, d’entendre différents discours. Moi le discours de M. Philippot m’insupporte, ce n’est pas un scoop. Et je pense inacceptable de dire à Marion Le Pen en gros « tais toi tu ne représentes pas grand chose » . D’abord c’est faux, et en plus ce n’est pas une façon de s’adresser à des camarades de parti normalement. Mais en même temps, je pense qu’il ne faudrait pas qu’il n y ait que le discours de Marion – dont je suis plus proche – car il y a des gens qui ne se retrouvent pas dans ce discours là.
Il faut être capable de fédérer. Est-ce que Marine Le Pen peut fédérer au delà ? Réunir même au delà les différentes sensibilités ? Aujourd’hui, le Front national ne pourra pas gagner seul les élections. Il faut qu’il agrège d’autres gens, notamment de la droite « Hors les murs », entre le FN et les Républicains. Il faut accepter d’entendre les autres gens, de respecter leurs discours. Ce n’est pas « je marche au pas ». Ce n’est pas dans la culture spontanée du FN mais je fais confiance à Marine Le Pen pour changer là dessus. Si elle ne le fait pas, elle va perdre, donc c’est la condition d’une éventuelle victoire.
Breizh-info.com : sur le champ médiatique et intellectuel français, on a l’impression qu’à gauche il y a une disparition totale des intellectuels pour faire face à tous ceux qui émergent à droite (de Zemmour à Villiers …) . Les seuls arguments opposés sont désormais uniquement des anathèmes. N’est-ce pas un problème , ou le signe d’un malaise profond, car il n’est pas normal de ne pas avoir d’adversaire aujourd’hui si ce n’est des adversaires qui vous agressent ?
Robert Ménard : mais aujourd’hui on le voit, dans les débats, à la radio, à la télé, c’est l’insulte – plus que l’anathème. L’accusation immédiate fait de vous un descendant du Fürher, antisémite, raciste, je vous fais la grâce de toutes les accusations. Cela veut dire que la bataille des idées est en partie gagnée par la droite. Celle que nous incarnons.
Le problème c’est qu’il faut la traduction politique de cela, qui tarde à venir. Cette bataille des idées , en partie gagnée, bute parce qu’on ne la traduit pas politiquement, mais bute aussi sur des médias, milieux culturels, d’une agressivité et d’une intolérance insupportable. Ceux qui remplacent les intellectuels de gauche, inexistants, dans la bataille des idées, ce sont les médias subventionnés, le tout dans une médiocrité phénoménale . Qui se bat ? Qui combat les idées du peuple ? Ce sont les médias qui sont les gardes-chiourmes d’un système , à droite comme à gauche. Car sur les questions essentielles, sur la vision du monde, la politique étrangère, la famille, sur l’école, bon nombre de médias de droite ressemblent étrangement à ceux de gauche, comme si il fallait montrer patte blanche et s’excuser de ce qu’on est.
Cela a changé au niveau intellectuel, mais pas dans le milieu médiatique, politique, culturel. C’est la bataille qu’il faut qu’on gagne.
Breizh-info.com : la conférence de ce lundi soir (19 décembre) a été déplacée de Rennes à Bruz pour cause de menaces d’antifascistes de tout casser. Est-ce normal que le maire d’une grande commune comme Béziers ne puisse pas tenir une réunion publique dans une ville comme Rennes ? Qu’avez vous à dire à la mairie, ou même à l’Etat qui n’a manifestement pas souhaité assurer votre sécurité et la bonne tenue d’une réunion ?
Robert Ménard : c’est invraisemblable que des antifas empêchent un débat. On ne va pas jeter des cocktails molotovs nous ce soir. On va pas insulter les gens. On va juste essayer de débattre autour d’un livre et de convaincre des gens autour du nous du changement que j’appelle de mes voeux. Que la police municipale ou nationale n’assure pas la sécurité d’un lieu comme cela est problématique. Pour le coup, la gendarmerie nationale est là ce soir pour le « plan B » ils font donc leur travail. Je ne les mets jamais en cause, gendarmes comme policiers. Ce n’est pas à eux qu’il faut s’en prendre. C’est le pouvoir politique qui est responsable (Préfet ou sous Préfet) et qui demande d’assurer la sécurité de tel ou tel lieu.
Cela montre la faiblesse de ces gens là. S’ ils en sont aujourd’hui à tolérer des casseurs, cela montre bien où nous en sommes et la nécessité de se débarrasser de ces gens là en mai 2017.
Breizh-info.com : des médias indépendants américains comme Breitbart News ont bénéficié d’un financement énorme et ont contribué à faire élire Donald Trump. En Russie, certains se développent également. En France, on a l’impression que la réinfosphère se développe en terme d’idées, de réinformation tout en souffrant économiquement. Comment l’expliquez-vous ? Nous gagnons la bataille des idées, mais nous avons des difficultés à émerger économiquement pour rivaliser avec les poids lourds médiatiques ?
Robert Ménard : combien de responsables des premières entreprises du Cac 40 viennent des cabinets ministériels et de l’ENA ? L’immense majorité. Il y a peu de pays autre que la France où la haute administration et les chefs de grandes entreprises sont du même monde. Des rapports incestueux, c’est cela la réalité. Attendre de ces gens là qu’ils aient le culot, l’audace de se départir d’une espèce de neutralité en terme d’information et qu’ils donnent de l’argent aux gens qui essaient de contrebalancer ces médias qui nous vendent le monde tels qu’ils le rêvent et nous l’imposent, ça tient du rêve.
Ces gens là doivent prendre leur courage à deux mains. Dans ces entreprises, qui ont de l’argent et qui pourraient être l’équivalent des grosses entreprises américaines qui ont de l’argent et qui ont financé les médias autour de Trump, pardon, je ne vois pas beaucoup de chefs d’entreprises prêts à prendre des risques. C’est les mêmes qui passent d’une grande entreprise à un cabinet ministériel puis à la tête d’un média. C’est le même petit monde, qui couche avec des journalistes et des hommes politiques. On a des rapports consanguins entre le monde de l’entreprise, le monde des médias et le monde politique.
Cela produit ce qu’on voit en ce moment. Le problème c’est qu’à la fois, les médias de réinformation, alternatifs, jouent un rôle irremplaçables car ils ont réussi à imposer un certain nombre de sujets d’actualité y compris aux médias traditionnels, autant ils sont un vrai succès car ils permettent aux gens de se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls à penser un certain nombre de choses et qu’ils sont des millions, autant ça n’est pas vrai qu’ils concurrencent aujourd’hui les grands médias.
C’est la prochaine bataille. Aujourd’hui, personne ne peut concurrencer le journal de 20H de France 2 ou de TF1. C’est la réalité, et ça reste là que se fait l’information massive des gens. On a une bataille à gagner et on la gagnera en se professionnalisant et en allant chercher de l’argent là où il le faut. De quoi vivent actuellement nos médias de réinformation, comme Bd Voltaire que j’ai lancé ? Des dons, et d’ailleurs, il faut remercier, pour votre média comme pour Bd Voltaire ou comme pour tous les autres, les donateurs. Mais maintenant, il faut rechercher d’autres sources de revenu, et pour cela que des gens aient un peu plus de courage…
Breizh-info.com : qu’est ce que représente la Bretagne pour vous ?
Robert Ménard : J’ai l’impression qu’ici – bien que connaissant peu la région et nettement plus la Vendée de Philippe de Villiers – que les gens ont envie de préserver des choses, des valeurs, que d’autres ont oublié ailleurs. Ce n’est pas de l’archaïsme, c’est ce qui fait ce qu’on est et que demain, nous aurons une place dans le monde. Si on oublie cela, demain, on sera gommé au nom d’un espèce d’universalisme de pacotille.
Breizh-info.com : Béziers et la Bretagne ont toutefois quelque chose en commun : un match de rugby avec le RC Vannes contre Béziers à venir en 2017 en Pro D2 . Un commentaire ?
Robert Ménard : alors là je crois que je ne serai plus du tout Breton si je peux me permettre ! (rires).
Propos recueillis par Yann Vallerie
Photo : breizh-info.com
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8 réponses à “Robert Ménard : « Il faut, même avec des réticences, voter pour Marine Le Pen » [interview]”
Voter marine avec réticences……Pour moi ça sera sans réticences!
tout a fait d’accord avec vous, pas net le maire
Il n’y a pas d’autre offre politique pour qui veut voter pour l’arrêt de l’immigration, pour la suppression de la loi Taubira et pour l’adoption du référendum d’initiative populaire. Aucun des autres candidats ne propose ces trois mesures indispensables à la survie du peuple français et à celle des autres peuples européens, de leurs cultures et de notre civilisation. L’introduction du référendum d’initiative populaire est le plus révolutionnaire des projets proposés parce qu’à l’aide d’un tel référendum nous pourrions détricoter toutes les lois néfastes adoptées depuis quarante ans par des partis politiques autistes et de plus en plus nettement corrompus intellectuellement (idéologie libérale/libertaire) et financièrement (Quatar, Arabie Saoudite). Marine Le Pen est absolument la seule à faire une telle proposition qui justifie à elle seule qu’on vote pour elle. Sans référendum d’initiative populaire, il sera très difficile de changer le cours des choses parce qu’il sera impossible de court-circuiter les partis politiques alors qu’une majorité très importante des Français (de 60 à 80% selon les sujets) s’oppose aux dirigeants politiques de gauche et de droite sur les sujets clefs dont l’immigration. 70% des Français sont partisans du référendum d’initiative populaire; son adoption devrait être facile et très populaire.
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N’importe quoi !
Le néo-FN a jeté aux lions Ménard et ce monsieur fait de la pub pour voter pour ses tantes.
Au secours Jeanne.
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