Donegal. A la découverte de la péninsule d’Inishowen [ reportage + photos ]

15/11/2015 – 07H30 Buncrana (Breizh-info.com) ‑ Le comté du Donegal est un des trois comtés de l’Ulster à ne pas faire partie de l’Irlande du Nord. En provenance de Belfast, on y pénètre juste après être sorti de Derry (ou Londonderry selon les affinités politiques et religieuses). La capitale du comté – qui compte 161 000 habitants – est Letterkenny .
Si traditionnellement, la majorité des touristes se précipitent vers le Kerry, ou le Connemara, lorsqu’ils veulent découvrir l’Irlande, ce qui ne constitue pas un mauvais choix, le comte de Donegal réserve pourtant sans doute certains des plus beaux paysages du pays.
La langue gaélique (proche du gaélique écossais) y est encore (peu) pratiquée et les somptueuses falaises (slieve league) , les petits villages traditionnels de campagne , les pubs à l’ancienne ou encore la côte sauvage (atlantique) donnent l’impression de plonger dans une ruralité qu’offre moins (quoique) les deux régions citées précédemment.

Avec sa superficie de 4 841 km2 (plus petit que les départements bretons qui font chacun autour de 6 000 km2) , ce comté nécessitera toutefois plusieurs séjours pour être visité dans son intégralité, pour autant qu’on prenne le temps de le respecter.
Pour ce premier séjour en Donegal, c’est à la péninsule d’Inishowen, tout au nord, que nous avons décidé de nous attaquer.

En provenance de Belfast – dont nous avons raconté précédemment l’immersion dans les enclaves de la cité – prendre tout d’abord la direction de Derry  : n’hésitez pas à vous y arrêter afin de découvrir (ou redécouvrir) le Bogside catholique, fief de l’IRA et lieu de sinistre mémoire (le Bloody Sunday). Vous y découvrirez notamment le mémorial, hommage aux martyrs irlandais tombés sous les balles de l’armée anglaise et le fameux murals  « your’re now entering in free derry ». Après avoir enfilé une pinte de cidre ou de Guiness dans un des pubs du quartiers, et effectué le tour du stade de football de Derry, prenez la route pour Inishowen. Derry et ses alentours méritent à eux seuls un voyage de quelques jours, car là aussi, il s’agit d’une ville chargée d’histoire, y compris pour les unionistes et loyalistes qui peuplent majoritairement la rive Est de la ville et notamment « The Foutain », le bastion ouvrier.

Buncrana, station balnéaire de charme

Direction Buncrana – ville de 5 000 habitants jumelée avec Fréhel-Plévenon (22) – porte d’entrée de la péninsule d’Inishowen. Il s’agit d’une station balnéaire très touristique, prisée par les randonneurs mais aussi par de nombreux Irlandais qui s’y rendent en week-end ou en vacances. Buncrana se trouve en effet sur la Wild Atlantic Way, qui est la plus grande route côtière balisée d’Europe. 2500 km s’étendent en effet sur toute la côte Atlantique de l’Irlande, de Malin Head (le point le plus au nord de l’Irlande) à Mizen head (extrême sud-ouest).

Un conseil : l’Irlande n’était pas un pays réputé pour ses chaleurs estivales et son soleil permanent, n’hésitez pas à y partir en automne, en hiver ou au début du printemps. Vous rencontrez moins de touristes et nettement plus de locaux, même si, la crise économique étant passée par là, il est beaucoup plus rare de trouver des ambiances festives tous les soirs de la semaine dans les pubs de village (ce qui n’est pas le cas dans les villes).
La bonne stratégie pour visiter un recoin d’Irlande sur une semaine étant de privilégier la découverte, la randonnée, les visites le début de semaine, et de les coupler, à partir du mercredi soir en général et jusqu’au dimanche soir, avec les longues et chaudes soirées au pub.

De Buncrana – qui possède de nombreux petits commerces, dont The Jewel Casket , qui vend tout un tas de produits locaux (y compris des vêtements en laine de mouton du Donegal), toute la péninsule s’offre désormais à vous .
Et pourquoi ne pas commencer par la visite du Fort Dunree – qui fût une véritable barrière de protection de l’Irlande pendant la première guerre mondiale. N’y manquez pas la visite du musée militaire, qui retrace l’histoire du fort mais aussi de la région le long de centaines de mètres de bunkers.

Ensuite, montez vers le nord, en prenant un maximum de petites routes, qui vous permettront de découvrir des paysages exceptionnels, au gré de vos arrêts. Vous êtes ici dans « the amazing grace country », la région qui aurait inspiré  à John Newton la célèbre chanson, suite à un naufrage au large de la péninsule. Du côté de Leenan, Clagan, Dunaff, vous partagerez la route avec quelques moutons – maîtres chez eux – qui voudront bien vous laisser passer, avant de vous essayer à grimper quelques côtes qui pourraient effrayer un Contador ou à Thibaut Pinot (Mamore Gap, Urris). Il y a déjà matière à passer une journée sur ces routes, qui offrent en bord de mer quelques randonnées d’exception.

A visiter également le Dooagh Famine’s village, consacré à la grande famine en Irlande au XIXème siècle.

Donagh Cross et Malin Head

Revenu le lendemain par la R238 dans la petite ville de Carndonagh , vous vous arrêterez, non pas à la recherche de la plus fameuse bouquinerie du Donegal qui a fermé, mais de la plus vieille croix sculptée d’Irlande (Donagh Cross). Elle se situe à l’entrée de la commune, sur la droite, quand vous arrivez de Drumfree. Rien d’exceptionnel niveau location, mais la satisfaction de découvrir l’un des vestiges de l’Irlande, du VIIème siècle, que le temps n’a pas effacé.

Dirigez vous ensuite (R238 toujours) vers Malin, puis direction Malin Head. Vous atteindrez là-bas le point le plus au nord de l’Irlande. Paysages magnifiques, non sans rappeler le Cap Fréhel d’ailleurs. En regardant un peu en direction du Nord-Est, vous verrez, par temps bien dégagé, les côtes des Iles écossaises. Sur Malin Head, possibilité là encore de faire une grande randonnée le long de la côte et de découvrir quelques ravins à provoquer des frayeurs. N’hésitez pas à vous arrêter, de retour de cette ballade, à Malin, au Mclean’s, un pub-épicerie-station service, qui vaut le détour. Chaleur et tradition au programme, et grosse soirée le jeudi soir en perspective !

Après cette visite de l’Ouest et du Nord de la péninsule, cap à l’Est, entre Quickley’s point et Shrove, en passant par Moville. Ici se trouve le paradis des pêcheurs. Un peu après Moville, prenez la direction de The Warren , Glenaginvey, et partez pour découvrir une côte totalement sauvage, pour progresser , y compris en voiture, de seulement quelques kilomètres en une heure, et pour tomber nez à nez, ici avec des éleveurs, là avec leurs moutons, avant d’arriver une nouvelle fois au bord de l’océan, dans des paysages toujours aussi somptueux.

L’ascension du Slieve Snaght

Au retour, du côté de Culdaff se situent une ancienne église  mais également plusieurs sites mégalithiques. Néanmoins, contrairement à la Bretagne qui a consacré depuis des années des moyens pour mettre son patrimoine culturel, historique et géographique en valeur, l’Irlande est particulièrement en retard à ce sujet. Cela lui donne certes du charme, et ne rend que plus heureuse la découverte de tel ou tel monument, mais comptez y passer un peu de temps avant de les trouver. Et ne comptez pas forcément sur les locaux qui, bien souvent, ne connaissent pas l’existence de ces joyaux à proximité de chez eux.

Autre destination incontournable de la péninsule, le Slieve Snaght’s (615 m), la plus haute montagne de la péninsule. Pour vous y rendre là encore, et vous y essayer, inutile de chercher une quelconque indication : il n y en a pas. En partant de Buncrana, prenez la direction de Cardonagh. Après le pub « The North Pole », qui semble abandonné – et dont une stèle malheureusement brisée rendant hommage à l’une de ses anciennes propriétaires se trouve au sommet du Slieve Snaght – continuez sur un ou deux kilomètres jusqu’à voir quelques sapins sur votre droite, une barrière métallique et un chemin sur la droite tout de suite avant. Prenez ce chemin, et garez la voiture un peu plus loin, en prenant soin de bien refermer la barrière derrière vous. La montagne vous fait face, il n y a plus qu’à la grimper. Comptez 50 min à 1h de grimpette très sèche pour les bons randonneurs sportifs.

De la montagne, des sites historiques, la côte sauvage à perte de vue, et des petites communes à taille humaine très chaleureuse en soirée (à Buncrana, une irish session se tient tous les mercredis soirs au O’Flahertys, situé dans la rue principale). Côté gastronomique, c’est l’Irlande, il ne faut donc pas s’attendre à manger comme chez nous. Néanmoins, on conseillera tout de même « La primevara » (Dans Buncrana) ou encore le « Inishowen Gateway Hotel » ( y compris pour se loger, avec un full irish breakfast de grande qualité).

En résumé, si vous avez aimé le Ring of Kerry, si vous étiez déjà tombé amoureux du Connemara, alors vous ne pourrez que vous laisser séduire par la péninsule d’Inishowen, une péninsule qui ne se fait pas en une journée, comme l’entendent certains touristes qui pensent découvrir l’Irlande sans sortir de leur voiture : une péninsule qui vous donnera forcément envie de découvrir par la suite le reste du Donegal, et de l’Irlande, si c’est votre premier séjour sur l’île verte.

Pour s’y rendre, possibilité d’aller toute l’année via Dublin au départ de Nantes et d’y louer une voiture (Ryanair) , via Belfast au départ de Rennes (Flybe vol avec escale), ou sinon, jusque fin octobre et à partir d’avril, via Cork ou de mai à septembre via Rosslare au départ de Roscoff (Brittany Ferries ou Irish Ferries ) . On regrettera la suspension des lignes directes Brest > Dublin et Nantes > Shannon (hormis en saisonnier pour cette dernière) et le peu de développement des échanges entre la Bretagne et l’Irlande, les aéroports bretons préférant des destinations plus « exotiques » dans le Sud de l’Europe; 

Yann Vallerie

Crédit photo : breizh-info.com
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